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le commerce extérieur de l’Allemagne au cours des prochaines années : mais il est certain que les fluctuations incessantes du change, chaque jour plus violentes, gêneront de plus en plus les opérations des industriels et des commerçants.

On accuse d’ailleurs ceux-ci de laisser en dépôt à l’étranger la majeure partie des sommes dont ils sont devenus créditeurs par suite de leurs exportations et de contribuer ainsi à la dépréciation du mark, qui s’atténuerait beaucoup s’ils rapatriaient en Allemagne les capitaux dont ils disposent en dehors des frontières. Cela est si vrai qu’ils soumettent en ce moment même au Gouvernement un plan qui consiste à lui faire contracter un emprunt extérieur, dont les grands industriels se porteraient garants ; cela leur serait facile grâce aux réserves qu’ils ont accumulées à l’étranger.


V. — LES REMÈDES AU DÉFICIT BUDGÉTAIRE. HEUREUX EFFETS A ATTENDRE DE LA HAUSSE DU FRANC

Nous nous sommes arrêtés à l’examen de la situation de l’Allemagne parce qu’il est de mode en ce moment de vanter, en l’exagérant, la prospérité de ce pays et de l’attribuer à l’inflation fiduciaire dont il est le théâtre. Il serait étrange que le papier monnaie, dont les effets désastreux ont été vérifiés en mainte circonstance, à toutes les époques et chez toutes les nations qui en ont abusé, eût produit un pareil bienfait chez nos ennemis : la multiplication du mark n’a pas été, comme aux noces de Cana, celle du pain et du vin.

« Mais alors, nous disent les partisans de l’inflation, quel est votre programme ? » Nous leur répondrons que tout est préférable à une solution qui mène infailliblement au désastre. Les remèdes à la situation actuelle sont multiples ; ils n’ont pas ce caractère absolu que les empiriques aiment à donner à leurs formules ; ils exigent, pour être administrés, une grande énergie et une longue persévérance : mais ils ne peuvent manquer d’exercer l’influence bienfaisante qu’on est en droit d’attendre de leur application.

Il en est un qui domine le problème et qu’on ne saurait se lasser de préconiser du haut en bas de l’échelle : c’est l’économie ; économie dans les services publics, économie chez les particuliers.