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demandait. Il en résulta d’abord l’arrêt de la hausse, puis la baisse d’un très grand nombre d’articles.

Ce bref résumé de l’évolution qui s’est rapidement accomplie aux yeux de l’univers surpris, suffit à expliquer les souffrances de l’heure présente. Mais la situation a été compliquée et obscurcie par un autre phénomène qui, lui aussi, avait déjà été l’accompagnement de précédentes guerres, mais qui n’avait jamais encore atteint les proportions que nous lui avons vu prendre au cours de celle-ci. Nous voulons parler de la création, par la plupart des belligérants, de papier-monnaie en quantités excessives et de la dépréciation qu’il a subie.

L’extraordinaire multiplication des billets d’Etat et de banque, à laquelle nous avons assisté, a bouleversé la situation monétaire et, du même coup, rendu bien plus difficiles les échanges internationaux. Les rapports de ces échanges avec la production indigène ont été simultanément influencés. A de certains moments, des observateurs superficiels ont cru pouvoir tirer du spectacle de certains courants ainsi créés des conclusions favorables au système qui se désigne communément du nom d’inflation : il consiste à créer du papier-monnaie, destiné à permettre à l’Etat de s’acquitter plus aisément, semble-t-il, vis-à-vis de ses créanciers que par tout autre moyen.

Ce n’est un mystère pour personne que la diffusion de cette théorie. Elle a été défendue à la tribune du Parlement français, et dans une partie de la presse. Elle reparait avec d’autant plus d’insistance que les difficultés financières sont plus grandes et que, dans sa formule simpliste, elle prend, aux yeux de la foule, des allures de panacée souveraine, seule capable de guérir les maux de l’heure présente.

En dépit de l’histoire, qui nous démontre, de la façon la plus saisissante, l’inanité de ces espérances et le danger mortel qu’implique l’adoption d’un pareil expédient, il semble que la génération actuelle ait oublié les enseignements « du passé ; . bien plus, elle ferme les yeux à ce qui se passe, en ce moment même, à quelques heures de nos frontières ; elle paraît ignorer les maux auxquels sont en proie les pays qui ont cru trouver leur salut dans le soi-disant remède qui a consommé leur ruine, ou qui menace de la provoquer.

Ne nous lassons donc pas de méditer les leçons du passé et les enseignements du présent ; tâchons d’épargner à la France de