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mettaient en marche vers Modane et vers Menton : elles déposaient les premières troupes dans la région du Lac de Garde le 2 novembre. Nous laissons à d’autres le soin de raconter le tour de force de ce transport méthodique et rapide qui faisait le plus grand honneur à la direction militaire des chemins de fer français.

Mais il s’agissait, concurremment, répétons-le, d’utiliser la route. Et, avec la question de la route, c’est le Service automobile qui va entrer en scène.


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Ici, quelques mots d’explication.

Pourquoi la question de la route était-elle l’affaire du Service automobile ? Est-ce à dire qu’il était impossible d’envisagé, le passage en Italie de convois de voitures a chevaux ou d’artillerie attelée, et que l’essence seule serait admise, dans les Alpes, comme mode de traction ? — Nullement. Cela signifie que c’était le Service automobile qui était devenu, alors, le grand maître de la circulation sur toutes les routes militaires.

Le service automobile, on le sait, avait eu des débuts très modestes. Créé, ou à peu près, aux premiers jours de la guerre, il s’était développé, d’abord, comme mode de transport, avec une rapidité extraordinaire, prenant peu à peu, au cours des années 1914, 1915 et 1916, la charge de toutes les concentrations rapides de troupes, de tous les ravitaillements, des transports de vivres, de munitions, de matériel de tranchée, et de l’enlèvement des blessés. Par la suite, et, plus particulièrement, depuis la bataille de Verdun, il s’était vu confier la police de la route : cette mesure était d’ailleurs parfaitement logique : c’était le service automobile surtout qui usait des routes, c’était à lui d’y mettre de l’ordre, pour s’y garder toujours le libre passage. Pour Verdun, il avait créé, dans ce dessein, la première « Commission régulatrice automobile, » celle de Bar-le-Duc, qui avait donné des résultats remarquables, en permettant, avec une artère unique, la célèbre Voie sacrée, un trafic routier comme jamais encore on n’en avait imaginé, et grâce auquel, sans doute, Verdun fut sauvé[1]. En 1916 et en 1917, pour chaque grande opération, la direction des Services

  1. Voir La Voie Sacrée, dans la Revue du 15 décembre 1918.