Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 65.djvu/829

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui produisit une réaction de courage et de patriotisme : il fut, pour l’Italie, le coup de cravache, sous lequel elle sursauta et se ressaisit. Aux appels sinistres en faveur de la paix, qu’avaient poussés quelques égarés, la nation tout entière, frémissante, répondit : Sauvons l’Italie !…

La France fut la première à s’émouvoir de la situation de son alliée. Sa décision fut vite prise : puisque l’Italie était en péril, il fallait voler à son secours ! Le gouvernement, les grands chefs, les soldats, tous le désiraient ardemment. Et l’Angleterre, montrant le même esprit de solidarité, prenait aussitôt le parti de joindre aux nôtres tous ses efforts. Il n’y avait donc pas un instant à perdre.

Dès le 27 octobre, il était décidé, au Conseil des Ministres français, que le Comité de Guerre serait convoqué pour le lendemain 28 (un dimanche). Un accord de principe avait été demandé télégraphiquement à Londres ; et l’ambassadeur d’Angleterre à Paris, par la même voie, avait reçu mission d’apporter au Gouvernement français l’appui « illimité » des forces britanniques. La réunion du Comité de Guerre, à laquelle assistait le Général en chef, eut lieu le 28 à seize heures : à dix-huit heures, tout le plan d’assistance à l’Italie était réglé : à dix-huit heures vingt, l’exécution commençait.

Immédiatement, le Général en chef lançait ses premiers ordres aux Commandants d’armée, désignant les corps d’armée qui devaient partir le lendemain 29.

Les contingents français étaient sous le commandement des généraux Foch et Fayolle ; les anglais sous le commandement du général Plumer. — Français et Anglais se chargeaient du ravitaillement complet de leurs armées.


I. — LES DONNÉES DU PROBLÈME

Ainsi donc, il fallait faire passer une armée en Italie.

Et cela, le plus vite possible : car le secours, pour être efficace, devait être immédiat.

La question des effectifs ne se posant pas, tout le problème résidait dans celle des transports. — Comment porter rapidement, au-delà des Alpes, une masse d’environ 150 000 hommes, avec son artillerie, ses ravitaillements et tout son matériel de guerre ?