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y subit peu d’avaries et, les vents lui ayant été ensuite favorables, il put arriver au petit jour à Saigon, sans retard sensible.

Je courus vite réveiller le gouverneur et lui annoncer l’objet de ma visite. Grâce à l’activité qu’il imprima à tous les services du port et à celle de mon excellent second, le lieutenant de vaisseau, de Lapeyrère, qui avait été, déjà, comme aspirant, un des plus jeunes et des plus audacieux pionniers de notre première intervention au Tonkin, je pus repartir, dès le lendemain, avec le paquebot et les renforts réclamés par l’amiral Meyer. Celui-ci fut très agréablement surpris de nous voir arriver beaucoup plus tôt qu’il ne l’espérait : il avait été en effet fort inquiet à notre sujet, à cause des risques auxquels est exposé tout bâtiment surpris par un typhon dans les passages dangereux du golfe de Haï-nan.

Ayant repris, à la suite de ce voyage accidenté et précipité, le cours de mes reconnaissances sur la côte, je trouvai, cette fois, en y pénétrant à la sonde, un port naturel accessible aux grands navires très près de terre, et voisin des mines de charbon de la localité ; j’y notai ensuite des points de débarquement pouvant être utilisés avantageusement par nos troupes, pour opérer une diversion le long de la frontière chinoise, vers Langson, pendant que leur corps principal menacerait de front cette place importante.


Ayant porté, moi-même, ensuite, à Hanoï, de la part de l’amiral Meyer, sur un petit vapeur de commerce chinois, ces indications au général Bouët avec les explications nécessaires, je revins à Haïphong, attendre sur le Volta de nouveaux ordres.

Quelques jours après, je recevais à mon bord la visite inattendue de l’amiral. Il venait me prévenir qu’il allait m’envoyer à Shanghaï, avec le Volta, à la demande de M. Tricou, le successeur de M. Bourée, de manière à faciliter à notre nouveau ministre ses déplacements et à l’assister, au besoin, dans sa mission par la connaissance approfondie que j’avais du vice-roi et de sa politique au sujet de notre occupation du Tonkin.

Je remerciai l’amiral de ce nouveau témoignage de sa confiance et je quittai, sans tarder, la baie d’Along et ses mornes solitudes, à la satisfaction générale du personnel du Volta, pour faire route vers la grande ville animée de Shanghaï.