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étaient de 39 milliards il y a un an, ont monté à 62 milliards. Les bénéfices des banques atteignent des chiffres fantastiques. La Deutsche Bank distribue, comme les meilleures banques anglaises, 18 pour 100 de dividende. Pour ne pas trop faire apparaître cette opulence, elle rappelle, il est vrai, dans ses rapports publics, que, depuis la guerre, l’unité monétaire de l’Allemagne est, en réalité, changée, que, pour comparer des choses comparables, il faudrait réduire le chiffre d’affaires et les recettes au taux de l’ancien mark or, et qu’en l’état actuel, les bénéfices des banques, comme ceux de toutes autres entreprises financières, sont artificiellement accrus comme des figures reflétées par des miroirs grossissants. Et, sans doute, il faut faire la part des gains qui proviennent de l’inflation fiduciaire. Mais, en revanche, il y a dans les bénéfices des banques, des éléments qui témoignent d’un mouvement d’affaires très intense et, en particulier, d’un trafic considérable sur les lettres de change. Les grands établissements du Reich ne se bornent pas à négocier les achats et les ventes de devises étrangères ; ils s’intéressent à la sortie et à la rentrée, par milliards, des billets allemands ; et lorsque les marks expatriés reviennent à leur foyer, les banques cherchent et réussissent à obtenir que ce retour soit accompagné d’ouvertures de crédit, de manière à rendre possibles des importations à paiement retardé. Die Bank, qui fournit elle-même ces précieux renseignements, ajoute que, de temps en temps, les disponibilités sont converties en placements fixes. D’autre part, d’importantes réserves 6ont constituées par les banques les plus puissantes. La Deutsche Bank, qui a recours aux plus ingénieux artifices de comptabilité pour diminuer ses gains dans ses écritures, n’en accuse pas moins des bénéfices qui atteignent 43 pour 100 de son capital-actions ; pour les autres banques, la proportion varie de 30 à 60 pour 100. Si la situation bancaire est un des indices économiques qui permettent d’apprécier la fortune d’un pays, que penser de la candeur des Alliés, qui se laissent tous les jours attendrir par les lamentations de l’Allemagne ?

Les compagnies de navigation, elles aussi, redeviennent peu à peu florissantes et beaucoup d’entre elles ont rouvert leurs comptes de reconstruction, pour reconstituer la flotte marchande : ainsi, la Neptun, qui affecte à ce compte dix-sept millions et demi de marks sur un gain de vingt-neuf millions huit cent mille, l’Argo, qui emploie à la reconstruction quinze millions sur vingt-neuf millions neuf cent mille de bénéfices, die neue Stettiner, huit millions sur quatorze, et ainsi de suite.