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Gouvernement allemand a émis la prétention de régler la question par une entente bilatérale avec les Alliés ; il a engagé une interminable controverse sur les pouvoirs, déjà si étrangement réduits, de la Haute-Commission interalliée des pays rhénans ; bref, il n’a pas donné, en temps utile, l’acceptation préalable à laquelle il était tenu.

Des conversations se sont alors engagées au quai d’Orsay avec l’ambassadeur d’Allemagne, M. Mayer, à l’esprit conciliant de qui j’ai déjà eu l’occasion de rendre hommage. M. Mayer a été courtoisement informé que la France ne pouvait admettre qu’une acceptation formelle, sans restriction ni réticence, de « l’organisme interallié appelé à collaborer avec les autorités allemandes dans l’examen et la délivrance des licences d’importation et d’exportation en pays occupé. » Et comme l’Allemagne demandait que ce contrôle eût seulement lieu après la délivrance, M. Mayer a été averti que nous entendions qu’il s’exerçât auparavant. Sur ces deux points, d’ailleurs, acceptation sans réserves du contrôle interallié, exercice de ce contrôle avant la délivrance des licences, l’accord s’était fait entre les Cabinets de Londres et de Paris, et on ne peut que s’étonner qu’une agence britannique ait publié une note laissant supposer le contraire. N’y a-t-il pas assez de malentendus entre l’Angleterre et la France sans qu’on en provoque de nouveaux par des informations inexactes ? Et était-il nécessaire de souligner que, dans cette question des sanctions économiques comme dans tant d’autres, le Cabinet de M. Lloyd George, même lorsqu’il est d’accord avec nous, demeure tenté de sourire à l’Allemagne et de lui céder ?

Pendant que le Gouvernement du Reich s’efforçait ainsi d’obtenir sans contre-partie la levée d’une partie des sanctions, il continuait à laisser couver l’esprit de revanche dans tout le pays. Même en dehors des frontières, en Finlande, en Esthonie, en Lettonie, surtout en Lithuanie, il nouait les intrigues les plus significatives et préparait méthodiquement une poussée allemande. En Lettonie, en Esthonie, en Finlande, ces tentatives de pénétration inquiètent de plus en plus les patriotes. En Lithuanie, où le pangermanisme trouve malheureusement un terrain de culture plus propice, l’audace de l’Allemagne est plus grande encore. Avec l’adhésion complaisante du Gouvernement lithuanien, le Reich, qui arbore si volontiers la misère, y entretient à grands frais un gouvernement prétendu blanc-russien, dont l’opposition permanente à la Pologne et à l’Entente est tout à fait caractéristique. A l’intérieur, c’est mieux encore. Si nous voulons connaître l’état mental des chefs du parti national allemand, lisons