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beauté de la maison ; mais la situation était, en effet, très belle.

À deux pas du sombre Montaigu où Ignace avait passé et de Sainte-Barbe où il avait connu François de Xavier, la Cour de Langres s’élevait environnée de collèges. Au Sud, le collège des Cholets ; à l’Est, celui du Mans ; au Nord, ceux de Marmoutier et du Plessis. Trois d’entre eux devaient être absorbés, au cours du XVIIe siècle, par les Jésuites : et les cinq forment l’emplacement du moderne Louis-le-Grand. Tout autour, des ruelles et des rues dont les plus larges, comme la rue Saint-Jacques et la rue Saint-Étienne-des-Grés, n’étaient guère que des boyaux. Point de trottoir ; un ruisseau au milieu, et une boue dont les régents faisaient dériver le nom latin lutum en Lutetia. Le collège n’avait que douze toises de façade sur la rue Saint-Jacques. Il en était séparé par des échoppes et des maisons à pignon dont les enseignes enluminées balançaient au vent, avec un bruit de ferraille, des images de saints, un mouton, un fer à cheval, un plat d’étain, une gallée d’or. Il y demeurait un médecin, un imprimeur, un épicier, un conseiller du roi, un tailleur, des fripiers, des joueurs d’épinette et, — l’heureux temps ! — un seul marchand de vin. Il fallut au collège cent vingt ans pour acheter neuf de ces maisons et atteindre une façade de quarante toises. Mais jusqu’au XIXe siècle, il eut à souffrir des masures qui flanquaient ses murs de leur gueuserie ; et, en 1877, il conservait encore à côté de sa porte d’entrée une échoppe de cordonnier.

Ses murailles semblaient de naissance vieilles et noires. À la fin du XVIIe siècle elles commençaient à se bossuer dangereusement. Ses galeries extérieures allaient de guingois et des plâtras tombaient. Ce qu’il est tombé de plâtras au collège Louis-le-Grand ! Il en tombait encore en 1870, et l’Inspecteur général poussait un cri d’alarme. Les constructions récentes regagnaient en hauteur ce qu’on leur refusait en surface. C’était un assemblage de toits inégaux, de frontons, de pavillons avec ou sans belvédère ; et il y avait même une plate-forme pour observations astronomiques qu’on nommait la Guérite. Les classes étaient au rez-de-chaussée. Les élèves qui s’y entassaient écrivaient sur leurs genoux et souvent un bon nombre était obligé de rester dans la cour. Les salles d’études, les chambres ou chambrées, et les petits appartements occupaient les étages supérieurs. On s’éclairait aux chandelles de suif sur des flambeaux de cuivre