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mouvement de monter et de descendre entretiendrait ses forces. Les deux extrémités de la pièce de bois furent façonnées en selles bien rembourrées, et un T en fer placé en avant pour les mains du cavalier. Comme l’Empereur était d’un poids assez fort, on chargea le bout qui était opposé au sien d’une quantité de plomb suffisante pour qu’il y eût égalité. C’était M. de Montholon qui montait habituellement. Cet exercice convint à l’Empereur, pendant une quinzaine de jours environ, et ensuite il l’abandonna. Avant qu’il fut sérieusement malade, la machine avait été démontée et le plancher remis dans son premier état.

Vers la même époque que ci-dessus, la nouvelle maison, sauf quelques petits travaux de terrassement, était terminée tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il restait à compléter l’ameublement. Le gouverneur, pour forcer en quelque sorte l’Empereur d’aller prendre possession de cette habitation, avait empêché qu’on fit des réparations aux vieux bâtiments de Longwood, qui étaient en fort mauvais état, et depuis longtemps, il refusait du linge, de la vaisselle et autres objets indispensables du service ; il voulait, disait-il, réserver tout cela pour quand le général Bonaparte serait à la maison neuve.

Enfin l’Empereur, malgré le dégoût qu’il éprouvait à l’idée de changer d’habitation, se décida d’aller prendre connaissance des lieux qui lui étaient destinés. Cette visite se fit un dimanche matin ; ce jour-là, les ouvriers ne travaillaient pas. Il se fit accompagner de Marchand. Il visita tout dans le plus grand détail, loua la bonne disposition des appartements, leur grandeur et leur ensemble ; mais il trouva son logement peu commode pour son service ; il s’y trouvait trop isolé de ses valets, de chambre, qu’il aimait à avoir sous la main. Selon l’usage anglais, tout était sacrifié au maître. Excepté quelques greniers, qui étaient au-dessus de ses chambres, il n’y avait pas un endroit autour de lui où Marchand pût être logé convenablement.

Après avoir tout parcouru, tout examiné, l’Empereur rentra chez lui et dit à M. de Montholon ce qu’il désirait que l’on fit, pour avoir auprès de lui deux personnes de son service d’intérieur, Marchand et moi. Les détails de ce que voulait l’Empereur furent transmis au gouverneur. Les ouvriers avaient à peine terminé les changements que l’Empereur avait prescrits. lorsque la maladie qui devait nous l’enlever prit un caractère, fort sérieux.