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SOUVENIRS
DE
SAINT-DENIS dit ALI
SECOND MAMELUCK DE L’EMPEREUR

V. [1]
LA MORT ET LES FUNÉRAILLES DE L’EMPEREUR


XVIII. — LA MALADIE

Ce fut vers les mois de septembre et d’octobre que l’Empereur s’aperçut qu’une maladie, qu’on pouvait dire inconnue, sembla vouloir se déclarer chez lui. L’incrédulité de ceux qui l’entouraient diminua à mesure des progrès presque insensibles de la maladie. Tout espoir d’un meilleur avenir s’était évanoui : les prétendues cinq années que devait durer son exil étaient accomplies et aucune amélioration ne venait adoucir sa malheureuse existence. Ne voyant plus de terme à ses souffrances, il regardait la mort comme un bienfait, il l’invoquait pour qu’elle vînt le soustraire à la persécution incessante de la Sainte-Alliance.

Sur la fin de l’année, l’Empereur, commençant à sentir que sa santé s’altérait réellement, eut moins d’aptitude au travail. Ses promenades, toutes courtes qu’il les faisait, devenaient plus fatigantes, et insensiblement les traits de sa figure portèrent l’empreinte de la souffrance. Il ressentait, disait-il, une douleur sourde intérieure qui se manifestait plus particulièrement la nuit. Il croyait avoir mal au foie. Ses remèdes ne consistaient

  1. Voyez la Revue des 15 juin, 1er juillet, 1er août et 1er septembre