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manquent : ce n’est qu’un jeu de s’en procurer, fusils et revolvers, et aussi bombes et grenades, explosifs, voire motocyclettes et automobiles, par des attaques sur les postes de police, les casernes, les détachements réguliers en marche, les trains de ravitaillement militaire. Ce n’est qu’un jeu de brûler en quelques jours, comme on fait au printemps de 1920, dans l’Ouest, 150 casernes de la Constabulary, les dites casernes ayant d’ailleurs été préalablement évacuées par la police qui, en se retirant dans les villes, où elle est mieux protégée, a ainsi abandonné aux républicains de larges régions rurales. On brûle un peu partout des tribunaux, des bureaux du fisc ; en mai 1921, on brûle à Dublin, non sans pertes dévies humaines, les bâtiments de la Douane où résident le Local Government Board et l’administration de l’Income Tax. On coupe les fils télégraphiques et téléphoniques, on détruit les postes centraux, on attaque et on pille les bureaux de poste, on met la main sur les autos postaux et les courriers officiels, on tente de forcer les prisons pour délivrer les amis. On enlève et on met à l’ombre des généraux, des officiers, des magistrates, des landlords, parce qu’ils travaillent contre le parti. On fait des descentes et perquisitions dans les maisons privées ; on incendie parfois les demeures des adversaires.

A Dublin, la police métropolitaine, neutralisée et désarmée, est épargnée ; de même, en général et sauf le cas de représailles, les Tommies qui, à la ville, flânent le soir sans armes dans les rues au bras de leur girl, les officiers en dehors du service, exception faite pour les officiers des cours martiales. Mais dès le début on s’est largement attaqué à la Royal irish Constabulary, cette police militaire, très puissamment armée, composée surtout d’Irlandais, — des traîtres dont il faut purger le pays, — et qui, de fait, affaiblie par le découragement, les démissions, l’arrêt du recrutement indigène, dut bientôt être rénovée par l’adjonction des Black and Tans et des « Auxiliaires, » de sinistre réputation : ceux-ci sont devenus le gibier ordinaire des républicains, les officiers de la Constabulary, inspecteurs de district ou de comté, représentant les pièces de choix. On frappe les agents directs ou indirects du « Château, » les témoins à charge, les « activistes » qui prêtent leur concours à l’autorité britannique dans la guerre contre l’Irlande. On « exécute » surtout les espions et les délateurs, à quelque sexe qu’ils