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Évangile dont l’Espagnol, serviteur de l’idolâtrie romaine,, menace le règne.

On ne vit pas vieux, à l’ordinaire, dans les régiments français. Colonels et officiers ne durent pas longtemps. Un boulet emporte la tête de M. de Châtillon en 1601, au siège d’Ostende. Léonidas de Béthune est tué en 1603, en essayant d’arrêter, une rixe de soldats. Dommarville tombe en 1605 à Mulheim.

Tués aussi, en peu de temps, autour d’Ostende et à Nieuport, les capitaines Cormières, La Simardière et Marescot ; au siège de Rhinberc, le lieutenant de la compagnie Pomarède ; au siège de Grave le capitaine Fulgous, le lieutenant de la compagnie Hallard, les capitaines du Hamelet, Montmartin et La Gravelle ; au siège d’Ostende, les capitaines Sarocques et Montesquieu de Rocques : là disparait aussi, par blessure ou maladie, le capitaine Robert de Schelandre.

Ces pertes d’officiers laissent deviner que les compagnies fondent vite. Au siège de Grave, du 4 août au 21 septembre 1602, Schelandre perd 45 hommes sur 105 ; la compagnie Dupuy laisse par terre, avec son capitaine, la moitié de son effectif : et des 173 hommes de la compagnie colonelle du régiment Dommarville, il reste 39, moins du quart. Dans la défense d’Ostende, les pertes sont telles que les quatre compagnies françaises, qui doivent être relevées, sont retenues au front avec les troupes de relève.

Parmi les noms de tous ces officiers tombés au champ d’honneur, — noms bien français, picards, normands, poitevins, gascons, provençaux, — il y en a un, familier plus que tous les autres aux lettrés, mais, malgré cela, d’étrange figure, et qui n’est pas de chez nous : c’est celui du capitaine Schelandre. Ce Schelandre, — Xelandre, Chalander, Schalander, comme l’appellent les documents, Robert de Schelandre, comme il signe, — était en effet le petit-fils du vieux reitre Jehan Thin von Schelnders, voisin batailleur et pillard des évêques de Verdun, et le fils de Robert de Thin, seigneur de Schelandre, gouverneur de Jametz, qu’il défendit héroïquement contre le duc de Lorraine : par ce Robert, la race allemande des Schelnders entre dans la famille française, cœur et nom. Robert, fils, aîné de Jean, a pour fils aîné le second Robert dont nous suivons assez bien la carrière. Ancien page du roi Henri IV, inscrit dès 1599 sur les registres de La Haye, il commande à