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M. Hamal la même simplicité sur le génie vraiment original qu’il a reçu de la nature. »

Hamal a composé des messes, des motets à grand orchestre. Il est aussi l’auteur de plusieurs oratorios : un David et Jonathan, une Judith, un Jonas, ce dernier sur des paroles latines. Dans l’ordre de la musique de chambre, il passe pour avoir, l’un des premiers, importé d’Italie la forme de la sonate. L’embryon de cette forme se rencontre-t-il d’abord dans l’op. 1 de Hamal ou dans les sonates de Stamitz ? Vous n’êtes pas sans ignorer que la question est débattue, et vous nous pardonnerez non seulement de ne la point résoudre, mais de ne pas même l’aborder ici.

Musicien religieux, Hamal fut encore un autre, et même plus d’un autre musicien. Pour des « entrées » ou des cérémonies, il écrivit des cantates officielles, dont une, en l’honneur du Cardinal-Prince de Liège, mérita cet éloge : « Les vœux de la nation, le désir de revoir le prince qu’elle chérit, sa tendresse et son respect, tout était si bien exprimé de la part de l’auteur et du compositeur, qu’on peut regarder le travail de l’un et de l’autre comme le triomphe du sentiment. »

L’esprit, beaucoup plus que le sentiment, fit l’éclatant succès des opéras-comiques de Hamal. Non pas, il s’en faut, l’esprit de finesse, mais bien plutôt un esprit analogue à celui dont s’inspirait chez nous, vers le même temps, le répertoire ou le genre « poissard. » Ce genre, a écrit M. René Doumic, succède et répond alors au genre précieux de Favart. Vadé, « l’auteur de la Pipe cassée et des Bouquets poissards, Vadé, « ce Téniers de la poésie, » avait inventé de composer, avec les scènes de la vie familière des forts à bras du Port aux blés et des dames de la Halle, de petits tableaux qui prétendaient à une exactitude toute naturaliste. L’invention avait plu surtout dans les salons ; la gentillesse en consistait à attraper le ton juste et le geste approprié pour lâcher des bordées de trivialités et d’injures empruntées au vocabulaire des harengères et des portefaix. C’est ce genre que Vadé transporte au théâtre avec- son opéra-comique des Racoleurs (1756), dont les personnages s’appellent Mme Saumon, marchande de poisson ; Javotte, Toupet, perruquier ; la Ramée, Jolibois et Sans-Regret. »[1]

Tel est, un peu moins monté cependant, le ton des opéras-comiques de Hamal. Pour le goût, c’est assez dire qu’ils n’ont rien de

  1. Voyez, dans la Revue du 15 septembre 1900, les Spectacles de la foire et nos scènes de genre, par M. René Doumic.