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quinze ans un nouvel assaut, sans que l’insuffisance de la houille blanche et noire crée de nouveau les terribles difficultés dont nous avons été témoins ou acteurs et dont il s’est bien peu fallu que nous fussions victimes.

« La France périra faute de bois, » disait Sully, et les enseignements de la guerre ont montré combien était génial cet avertissement, dont la réalisation ne put être conjurée que par la coalition des deux hémisphères. Si le ministre de Henri IV ne pouvait prévoir à quatre siècles de distance comment le manque de bois compromettrait l’existence de son pays, il suffisait à son patriotisme éclairé de savoir que toutes les civilisations oublieuses de l’arbre ont disparu, que Babylone, Suse et Persépolis sont ensevelies sous les sables du désert, pour le mettre en garde contre un péril dont nous connaissons tous maintenant la réalité.

En attendant que l’immense complexité des problèmes concernant la liquidation de la guerre mette les Alliés en situation de réaliser dans leur intérêt commun la régénération forestière de la France, il est indispensable d’en imputer les frais à l’emprunt, ainsi que l’Angleterre l’envisage pour elle-même et que le maréchal Lyautey en a déjà donné l’exemple au Maroc ; il est indispensable aussi d’inscrire des crédits pour le reboisement au budget extraordinaire, section des grands travaux. Car il faut commencer tout de suite, pour avoir fait dans dix ans la totalité de l’embroussaillement et la moitié des reboisements nécessaires. Et, si l’on veut alléger les charges du budget en développant l’essor du reboisement privé, il faut faciliter au plus vite l’orientation des capitaux vers le reboisement par l’adoption des lois qu’a déjà préparées l’Association Centrale pour l’aménagement des montagnes.


V. — L’ŒUVRE LEGISLATIVE NECESSAIRE

S’attachant à faciliter l’orientation des capitaux vers le reboisement, l’Association a fait aboutir la loi du 2 juillet 1913 tendant à favoriser le reboisement et la conservation des forêts privées. Elle développe dans ses publications, ses conférences, ses Congrès et dans son cours de sylvonomie à la Faculté des sciences de Bordeaux, les éléments d’une politique forestière s’harmonisant avec les particularités déconcertantes de la propriété sylvestre, pour supprimer les obstacles au reboisement.