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que les hostilités auront pris fin, disait M. Dabat, il conviendra non seulement de procéder à la reconstitution des forêts dévastées et à la restauration de celles qui auraient été appauvries, mais encore de donner à notre domaine forestier national une large extension par le boisement des landes et des terrains abandonnés. » Le problème est ainsi mis au point, mais l’Administration forestière ne peut opérer que dans les limites des crédits inscrits à son budget, dont la désignation archaïque : « Frais de régie, de perception et d’exploitation des impôts et revenus publics, » dissimule à bien des yeux l’absolue nécessité du reboisement. Si depuis la fin de la guerre notre situation financière oblige à comprimer sérieusement les dépenses, c’est précisément parce que l’insuffisance de l’armure végétale a fait sortir du Trésor plus de cinquante milliards. Il serait par suite complètement illogique de rogner aux Finances les crédits demandés par les Forêts. En ne dépensant pas assez pour le reboisement, parce que son ajournement a coûté trop cher, on tournerait indéfiniment dans un cercle vicieux. La faute serait impardonnable.


IV. — UN PROGRAMME DE RÉGÉNÉRATION FORESTIÈRE

Les programmes généraux de régénération forestière sont assez rares. Celui de l’ingénieur Monestier-Savignat prévoyait en 1856 une dépense d’environ deux milliards. Son chiffre diffère peu de celui qu’on obtiendrait en multipliant par cinq les 422 millions calculés par M. Daubrée pour le reboisement du seul bassin de la Seine, le moins déboisé de France, qui n’en forme pas la cinquième partie ; il est aussi du même ordre que celui de 1730 millions esquissé en 1907 par l’Association centrale pour l’aménagement des montagnes[1].

Ce programme se décompose ainsi qu’il suit :


millions de francs.
Le reboisement de 4 000 000 d’hectares 800
20 annuités d’un million pour encouragement. 20
Des achats conservatoires ou améliorations. 480
L’achèvement des travaux prévus dans les périmètres de montagne 115
L’aménagement intensif de la zone non péri métrée 300
L’arrêt de la dégradation en montagne 15
Total 1,730
  1. Voir l’Économiste français du 16 novembre 1907.