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demeurer secrets. Mais bientôt ses résultats se feront profondément sentir. »

La menace est claire. Et, pour ce qui est de l’Amérique, où l’agent allemand, nouvel Antée, semble reprendre des forces chaque fois qu’on le terrasse, ce n’est pas faute d’intrigues si M. Harding, sollicité, adjuré, pressé d’intervenir, s’y refuse obstinément. Ce n’est pas faute d’efforts si, de New-York à San Francisco et de Chicago à la Nouvelle-Orléans, le cri d’un Dr Held, — un médecin de là-bas, mais à la dévotion des comités berlinois pour le compte desquels il le proférait naguère à Berlin même (Der Tag, du 18 juin), — ne devient pas le cri de ralliement de cent millions d’hommes et si le libre citoyen transatlantique n’en arrive pas à considérer la Honte noire « comme sa propre honte, comme un danger national. »

Insistons-y donc, nous aussi, après le général Nivelle : la loi du moindre effort ne doit plus être notre loi. Arme dangereuse, la propagande tudesque peut faire « boomerang » et se retourner contre ceux qui la manient. Elle ne demeure pas sur ses échecs. Soit ! L’essentiel est d’opposer la vérité à ses mensonges, partout, en toutes circonstances, avec toute l’énergie, toute la méthode, tout l’esprit de suite nécessaires.

Qu’on n’objecte pas que nos troupes indigènes sont au-dessus de tels outrages et que leur éloge n’est plus à faire. Jamais nous ne dirons assez en quelle estime les tiennent des chefs comme Degoutte, Gouraud et Mangin. Et, puisqu’il n’en est pas de plus braves au monde, ni de plus attachées à leur drapeau, sachez ceci, germanophiles. Pour les conduire au feu, où leur élan fit si souvent plier la fleur des divisions impériales, la France n’avait nullement besoin de leur promettre les « blondes filles » de Rhénanie : leur loyalisme y suffisait.


Norbert Sevestre.