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beaucoup plus près. L’abbé de Chaulieu lui a promis quelque argent de la part du duc.


Il veut accroître ma chevance :
Sur cet espoir, j’ai par avance
Quelques louis au vent jetés,
Dont je rends grâce à vos bontés.
…………
Le reste ira, ne vous déplaise,
En vins, en joie, et cætera.
Ce mot-ci s’interprétera
Des Jeannetons, car les Clymènes
Aux vieilles gens sont inhumaines.
Je ne vous réponds pas qu’encor
Je n’emploie un peu de votre or
À payer la brune et la blonde ;
Car tout peut aimer en ce monde.
Non que j’assemble tous les jours
Barbe fleurie et les Amours.


Ensuite il donne au Duc les dernières nouvelles de la société du Temple :


Nous faisons au Temple merveilles.
L’autre jour on but vingt bouteilles ;
Renier[1]en fut l’architriclin.
La nuit étant sur son déclin,
Lorsque j’eus vidé mainte coupe,
Lanjamet, aussi de la troupe,
Me ramena dans mon manoir.
Je lui donnai, non le bonsoir,
Mais le bonjour : la blonde Aurore,
En quittant le rivage maure,
Nous avoit à table trouvés,
Nos verres nets et bien lavés,
Mais nos yeux étant un peu troubles,
Sans pourtant voir les objets doubles.
Jusqu’au point du jour on chanta,
On but, on rit, on disputa.


Ces diverses confidences en disent assez sur les divertissements de la vieillesse de La Fontaine. Il est superflu d’insister sur ses lettres à Mme Ulrich, personne belle, spirituelle et d’une

  1. Elève de Lulli.