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discours, de toasts et de speechs ; il avait été convenu, dès le départ, que chacun des membres de la mission, y compris les femmes, devait être prêt à parler sur un terrain déterminé, le sien. Dès qu’on était sur l’eau, la parole revenait de droit à l’amiral ; le terrain religieux était, comme il convient, réservé à l’évêque ; les Beaux-Arts ressortissaient au grand artiste Besnard ; la science, à notre pauvre Lippmann, dont rien ne faisait soupçonner à ce moment la fin prochaine ; la littérature à Strowski ; l’économie politique à Corréard ; l’industrie à Blériot ; les relations commerciales à Dal Piaz et à de Loynes ; le rôle du Comité France-Amérique à Créqui-Montfort, à Jaray, à Guénard ; la Presse à Delmas ; les œuvres de charité et de dévouement appartenaient à Mmes de Warren et de Bryas. Tout le reste incombait aux parlementaires. C’était la Garde. Quand nous étions embarrassés ou pris de court, elle « entrait dans la fournaise » et donnait, tête baissée. C’est ainsi que le sénateur Ménier, les députés de Warren et Fournier-Sarlovèze, — ce dernier surtout en raison de sa facilité à parler avec une égale élégance l’anglais et le français, — ont toujours sauvé la situation. Et ce n’était pas une petite affaire ! Il y a bien eu ce soir-là une dizaine de discours.

Quand Mme de Bryas parla, en anglais, du rôle des femmes pendant la guerre, femmes françaises et femmes canadiennes, on put croire que la salle allait crouler sous les applaudissements. « De ma vie, dit l’un des convives, je n’ai passé plus agréable soirée, ni entendu d’aussi admirables paroles. »


* * *

Après Ottawa, Toronto.

Toronto est une très grande ville industrielle de plus de 500 000 habitants, bâtie sur le bord du lac Ontario.

Nous y arrivons à la nuit close. Cette fois, la musique qui nous attendait à la gare avec la compagnie d’honneur prend la tête des voitures et nous escorte à travers les rues de la ville jusqu’à l’hôtel ; elle pénètre dans le « hall, » s’y installe et y donne un concert guerrier, pendant que, fatigués par la chaleur du jour, nous allons nous coucher.

Le lendemain, visite du port et de la rade, en bateau. Le port, devenu trop petit, est en voie d’agrandissement. De grands travaux sont en cours : il s’agit de gagner un millier d’hectares