Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 65.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
233
REVUE. — CHRONIQUE.

un mot, comportée comme un Conseil suprême qui prendrait le temps d’étudier les dossiers et qui ne mettrait pas son point d’honneur à régler les affaires entre deux bateaux.

Mais la longueur même de ces délibérations n’a pas été sans inconvénients. Pendant l’absence de M. Hughes, un trouble indescriptible s’est produit dans l’administration australienne ; le Parlement du Dominion a été frappé de paralysie ; personne ne voulait s’en prendre au Cabinet pendant que le chef en était retenu au loin ; mais les critiques qu’on n’exprimait pas publiquement n’en étaient que plus vives et plus nuisibles à la bonne marche des services. En Nouvelle-Zélande, l’impatience est devenue telle qu’un très estimable ancien ministre, M. Myers, a suggéré que les Dominions devraient désigner des premiers ministres intérimaires ou adjoints pour permettre aux chefs de leurs gouvernements de suivre désormais les conférences impériales sans entraver le travail des Parlements. À quoi sir Francis Bell, qui remplissait, en fait, les fonctions de premier ministre en remplacement de M. Massey, a répondu que la nomination d’un premier ministre adjoint ou délégué ne résoudrait pas la difficulté, le délégué ne pouvant jamais avoir la même autorité que le véritable premier ministre. Même au Canada, qui est sensiblement moins éloigné de la Grande-Bretagne, on s’est plaint de l’absence prolongée de M. Meighen. Comment cependant donner aux Dominions la participation qu’ils réclament dans la conduite des affaires extérieures, s’ils ne sont pas représentés dans un Conseil impérial ? Pour essayer de concilier tant d’intérêts contraires, la Conférence a décidé que les premiers ministres des Dominions et les représentants de l’Inde se réuniraient désormais tous les ans ou à des intervalles plus éloignés, réglés par les possibilités, et que, pour faciliter leurs voyages, toutes les communications impériales devraient être améliorées. Mais ce ne sont là que des expédients momentanés, qui ne permettront pas indéfiniment aux nombreux cochers de cet immense attelage de s’entendre entre eux et de mettre tous leurs chevaux à la même allure.

Dès maintenant, se sont manifestées de sérieuses divergences, soit de Dominion à Dominion, soit entre certains d’entre eux et la métropole. C’est ainsi, par exemple, que la question du traitement des Indiens dans l’Afrique du Sud a mis aux prises le général Smuts et M. Montagu, secrétaire d’État de l’Inde. La Conférence avait voté une résolution déclarant qu’il y avait « incompatibilité entre la posi-