Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 65.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

liberté dans notre soumission volontaire à notre vérité ancienne et durable. Si le pays de l’instar lui fait horreur, c’est que l’instar ne mérite pas ce nom d’un pays : l’Instar n’est qu’une absurde bohème.

Tout à coup, M. Franc Nohain, qui avait développé son idée, fut traité de fameux réactionnaire. Il accepta cette injure et songea qu’au surplus les « actionnaires » ne manquent pas, dont le remuement peut sans inconvénient trouver qui le contraigne. On s’était figuré qu’il serait un apôtre de l’émancipation. Oui, mais de la seule émancipation possible et vraie, non d’une folie d’esclaves en rupture de chaînes. Il disait aux gens : « Ne vivez pas à l’instar… » A l’instar de quoi ? Il ne le disait pas encore, étant discrète et ironique personne. Il complète sa pensée : ne vivez pas à l’instar de ce qui n’est rien ; vivez en accord avec ce qui était déjà vous avant vous et qui, près de vous, continue à vous offrir la leçon de votre vérité substantielle !…

Maintenant le voici, — le Théodore de Banville du symbolisme, — qui, selon Jean de La Fontaine, écrit des fables : le lézard qui voulait se mordre la queue, le chien qui portait la canne de son maître, l’éléphant et le papillon, l’homme qui cherchait la quadrature du cercle et celui qui crachait dans un puits :

Dessus la margelle d’un puits,
Un homme s’accoudait chaque jour, pauvre hère ;
Son visage était grave et ses traits amaigris,
Ses cheveux jadis noirs étaient devenus gris.
Il s’accoudait à la margelle, et puis
Il crachait des heures entières…
Non loin du puits, dans la maison voisine…

Il y avait, dans la maison voisine, l’homme à la quadrature qui traçait des ronds et des triangles ; il méprisait, l’homme du puits :

Certains savants très convaincus
A des problèmes tels s’acharnent
Que, franchement, on ne sait plus
S’ils ont un génie éperdu…
Ou une fêlure du crâne.
Qu’on m’accuse d’être un profane ;
Mais autant vaut
Cracher dans l’eau.

Les vers ont une jolie aisance, un tour facile et gracieux. Il me semble que, pour ces fables, M. Franc-Nohain aurait dû garder la rime plus habituellement qu’il ne le fait : il observe le rythme de