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Les éboulements n’ont pas été les seuls méfaits causés par le terrain dans la région de la Culebra. Le plafond du canal, dont la largeur varie, dans la tranchée, entre 92 et 184 mètres, près des écluses de Pedro Miguel s’est exhaussé à plusieurs reprises, formant comme un bourrelet plus ou moins considérable, obstruant le passage. Après avoir examiné ces phénomènes, les ingénieurs ont trouvé qu’ils provenaient de la compression des argiles par les roches et les terres des talus du canal placées au-dessus d’elles et qui les forçaient à remonter là où il n’y avait plus aucun poids pour les maintenir.

On estimait qu’au 1er janvier 1920 il avait été remué environ 100 000 000 de mètres cubes de déblaiements dans la Culebra sur un total de 190 000 000 pour le canal tout entier.

Le bateau dont nous suivons la marche depuis Colon, après avoir traversé la grande tranchée, arrive, devant l’écluse de Pedro Miguel, à un sas double qui le descend d’une dizaine de mètres dans le petit lac artificiel de Mirafiorès à l’extrémité duquel les écluses du même nom à deux sas doubles, le mettent au niveau du Pacifique qu’il atteint à Balboa, ayant pris à peu près huit heures pour traverser l’isthme.

Le passage de ces dernières écluses donne lieu aux mêmes opérations qu’à Gatun.


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Un chemin de fer relie Colon à Panama, long de 77 kilomètres et suivant pendant presque tout son parcours le canal, sauf dans la région de la Culebra. Il a été profondément modifié, à peu près entièrement refondu comme tracé depuis l’époque de sa création, entre les années 1850 et 1855. De la ligne primitive seules les sections de Colon à Mindi sur 6 kilomètres, et de Corozal à Panama pendant 4 kilomètres et demi ont été conservées. En moins de deux heures, dans d’excellents wagons où l’air circule en abondance, on peut se rendre d’une ville à l’autre en jouissant du spectacle du lac, de la forêt et des grandes savanes.

Malgré toute sa beauté, ce chemin de fer est infiniment moins grandiose que celui qui, un peu plus au Nord, conduit de Port-Limon à San José. Là, quand on pénètre dans l’intérieur après avoir traversé le long de la mer une zone humide dans laquelle poussent des bois de palmiers qu’aucune plume ne saurait décrire, on s’élève au milieu de hautes montagnes atteignant