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mes projets, certain que j’étais que je ne déplaisais pas à miss Hall (c’était le nom de la jeune personne). Depuis peu de mois, Noverraz s’était marié et il y avait peu de temps que les prêtres étaient arrivés. M’étant déclaré, je continuai à faire la cour à celle que mon cœur avait choisie, en attendant le moment favorable pour en parler à l’Empereur. Craignant un refus, j’hésitais ; enfin, un jour, je me déterminai et je saisis l’occasion. Il était de bonne humeur et passait au salon où je le suivis. Je lui fis connailre l’intention où j’étais de me marier, mais que je désirais avoir son assentiment, ou, pour mieux dire, son consentement. Je ne me rappelle plus quelles furent ses objections ni ce que je lui répondis. Bref, j’obtins son agrément. Dès que j’eus un moment de liberté, j’allai chez Mme Bertrand à qui je fis part de ma bonne nouvelle, et, immédiatement, je m’empressai de l’apprendre à ma future, qui l’accueillit avec grand plaisir.

Je crus avoir besoin de la cérémonie de l’église anglicane, quoique ma fiancée fût catholique ; mais elle était Anglaise et nous étions dans un pays protestant : c’était pour moi un mariage civil. A Longwood, voulant fuir toute espèce de cérémonie, je m’arrangeai avec M. Buonavita pour que le mariage eût lieu chez lui, ce qui n’offrit aucune difficulté.

Le lendemain ou le surlendemain, ma femme et moi, nous allâmes à cheval à Plantation House, endroit où il y avait une chapelle protestante. Pierron, Noverraz et sa femme, et peut-être une autre personne, nous accompagnèrent. Arrivés à la chapelle, nous y trouvâmes le ministre, M. Vernon, qui procéda immédiatement à la cérémonie d’usage. Cette cérémonie, qui fut des plus simples, étant terminée, nous remontâmes à cheval et allâmes nous promener dans différentes propriétés pour employer le temps que nous avions à nous.

Quand notre tournée fut finie, nous nous dirigeâmes vers Longwood, où nous fûmes rendus pour l’heure du dîner de l’Empereur. Le nôtre fut une espèce de petite noce : sur la table, il y eut quelques petits mets de plus qu’à l’ordinaire. Dans la soirée, Mme Bertrand envoya à ma femme un carton rempli de différents effets de toilette. Le lendemain, je repris mon service auprès de l’Empereur, et ma femme alla faire le sien chez la comtesse.

Avant mon mariage, j’étais logé comme les autres dans une