Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 65.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le devoir pascal. » Or, aujourd’hui, ce même diocèse d’Orléans en compte plus de 100 000. Et, suivant l’autorité épiscopale, le nombre des communions fréquentes ou de dévotion y est quinze fois plus élevé qu’il n’était naguère.

Pour tel diocèse de l’ancienne Normandie, une statistique locale, récemment faite dans 429 paroisses peuplées de 278 000 habitants, fournit un chiffre de 120 900 communions pascales, soit une proportion de 43 pour 100, très supérieure évidemment à la moyenne de la France.

Quelle est donc la moyenne de la France ? Sans disposer, pour l’intégralité du territoire, de chiffres aussi détaillés que celui qui précède, les renseignements suffisamment précis que j’ai, — non compris Paris dont il a été parlé ci-dessus, — recueillis sur 61 diocèses, m’autorisent à les classer en trois catégories : 1° ceux que l’on peut appeler « religieux, » au nombre de 27, où la majorité des femmes vont à la messe et font leurs Pâques et où les hommes, pour moitié, vont à la messe et, pour un quart, font leurs Pâques ; 2° ceux que nous qualifions de « tièdes, » au nombre de 28, où la majorité des femmes vont aussi à la messe, mais où seulement la moitié font leurs Pâques, et où les hommes pour un tiers seulement vont à la messe et ne font la communion pascale que dans la proportion de 12 à 25 pour 100 ; 3° ceux enfin, au nombre de 18, qui méritent de passer pour « indifférents, » parce qu’une minorité seulement de femmes y vont à la messe et que l’effectif de la population masculine communiant à Pâques, est inférieur à 12 pour 100.

« Indifférents, » ai-je dit, sont nos concitoyens de ces dix-huit départements, mais non point « antireligieux, » puisque presque tous tiennent à faire baptiser leurs enfants et se font eux-mêmes marier et enterrer à l’église.

Ces 67 départements comprennent une population totale d’environ 28 millions d’âmes, qui doit être considérée comme représentant à peu près l’opinion moyenne de la France, — sauf Paris et la Seine avec leurs 4 millions et demi d’habitants ; — attendu que, parmi les 6 millions que j’ai dû, faute de réponses des autorités compétentes, laisser de côté, se trouvent des diocèses de la première catégorie, comme Nantes ou Bayonne, et des diocèses de la troisième comme Chartres ou Limoges.

On peut donc estimer que, pour l’ensemble du territoire, —