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Champagne, en Limousin, en Roussillon ou en Lorraine ; dans le Midi aussi bien que dans le Centre ou le Nord, l’autorité religieuse est unanime à constater un mouvement, d’ailleurs antérieur à la guerre de 1914, par suite duquel le nombre des hommes pratiquants est sensiblement plus élevé qu’avant la Séparation. Ici, l’hostilité a disparu, remplacée même quelquefois par une bonne volonté sympathique ; ailleurs, le « respect humain, » la honte bizarre et toute moderne qu’éprouvaient certains croyants à s’avouer tels, non seulement a disparu, mais la jeunesse principalement se plaît à manifester, en des groupements et associations multiples de propagande et de charité, sa conviction et sa pratique du catholicisme.

C’est ainsi que les œuvres sont partout en croissance dans les villes. Il s’en crée sans cesse de nouvelles et elles trouvent toujours de l’argent en abondance. Que Paris où le denier du culte rapporte annuellement 1 500 000 francs, en donne à peu près autant pour diverses destinations pieuses : chapelles de secours (300 000 fr.), séminaires, écoles et Institut catholique (ensemble 160 000 fr.), Propagation de la Foi (120 000 fr.), Denier de Saint-Pierre (70 000 fr.) et vingt autres, soit temporaires comme la Basilique du Sacré-Cœur, soit permanentes comme l’« œuvre de Saint-François de Sales ; » que la plupart des diocèses trouvent aussi, chacun en proportion, — et quelques-uns au-delà des proportions, — de leur richesse et de leur population, le moyen de subvenir à des fondations charitables, telles que fourneaux économiques, dispensaires, vestiaires, caisses des familles, maisons des apprentis, bibliothèques, etc. tout cela pourrait être attribué à un noyau de bourgeois pieux, disposés à ouvrir libéralement leur bourse.

Mais depuis quinze ans, un peu partout, se manifeste, par les « Cheminots catholiques, » — 50 000 adhérents, — les employés de grands magasins, les midinettes, les « Associations des chefs de famille, » les « Fédérations de Jeanne d’Arc, » les « Jeunesses catholiques, » les conférences et congrès diocésains d’hommes et de jeunes gens, la volonté nouvelle et résolue de citoyens de toute condition, unis par la foi en dehors et au-dessus de toute politique, d’affirmer publiquement leurs croyances religieuses.

Ce mouvement est remarquable en ce que, déclenché durant la période comprise entre la Séparation et la Guerre, ses