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de parfaire les insuffisantes générosités de l’Etat. Le résultat, le voici : le rapport de M. Viviani sur le budget de 1911 établit le pourcentage suivant des boursiers, d’après la profession des parents :

Professeurs et instituteurs : 17,54 pour 100 ;
Officiers, sous-officiers : 14,43 pour 100 ;
Fonctionnaires : 19,54 gour 100 ;
Employés : 21,39 pour 100 ;
Carrières libérales, magistrature : 6,65 pour 100 ;
Cultivateurs et petits propriétaires : 6,19 pour 100.
Artisans et ouvriers : 14,15 pour 100.

Sur un peu moins de 400 000 élèves qui sortent chaque année de l’école primaire, il y a un peu plus de 400 boursiers, à peine plus d’un pour mille. On cite une Académie où, une année donnée, il n’y a pas eu un boursier d’origine primaire. « Voilà comment, dit un député, la République démocratique ouvre les portes des lycées aux enfants du peuple. »

Et pour ceux qui les franchissent, que de difficultés encore ! C’est un luxe d’avoir un enfant au lycée. D’abord cet enfant ne rapporte pas, et les parents auraient peut-être besoin de son gain. Puis, quel que soit le taux de la bourse, il coûte. Il y a les accessoires, les livres, les cahiers ; il y a surtout la contagion d’un milieu plus riche, de camarades mieux vêtus, et qui ont sans cesse le porte-monnaie ouvert. M. Zoretti, que nous avons déjà cité, décrit avec âpreté et quelque exagération, croyons-nous, les souffrances des boursiers. Mais c’est déjà trop qu’il y ait une part de vérité dans le tableau qu’il trace. Nous dirons plus loin que le sort des boursiers serait bien adouci, s’ils étaient plus. Car on ne se plaint le plus souvent qu’en se, comparant. — Ainsi les bourses, telles qu’elles existent, ne répondent pas aux exigences présentes. Il faut chercher autre chose.

La solution serait-elle la gratuité complète de l’enseignement secondaire ? L’enseignement primaire est gratuit. L’enseignement supérieur l’est presque : on y paie les examens et des diplômes sans doute ; mais les droits d’inscription sont encore à 120 francs par an. L’enseignement secondaire payant apparaît donc comme une anomalie. Il semble faire exprès pour se réserver aux riches et appeler ainsi les critiques. Mais, quoique les élèves de chaque lycée soient, nous l’avons dit, loin