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LA RÉFORME
DE
L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

II [1]
LE RECRUTEMENT DE L’ÉLITE


Le titre seul que nous venons d’écrire implique une petite révolution dans les esprits. On éprouve le besoin d’une élite. La guerre a fait découvrir que les conducteurs d’hommes avaient parfois du bon ; elle a fait constater l’utilité des chefs, et des inventeurs. Peut-être aussi y a-t-il là un progrès naturel de l’esprit démocratique. Dans un premier stade, il a peur des supériorités ; dans un second, n’en ayant plus peur, il les accepte et même il les réclame. La pédagogie, comme toujours, suit et interprète ces mouvements de l’opinion. Pendant longtemps, nous avons médit des têtes de classes, et des maîtres qui, se laissant aller au pas de ceux qui marchaient le plus vite, négligeaient de vérifier si le reste de la bande les suivait. Et nous n’avions pas tout à fait tort. Car tout est ici question de mesure. La préparation aux épreuves du concours général semblait être la caractéristique de cette méthode. Pour supprimer la préparation, on avait supprimé le concours. Il créait sans doute des gloires factices et éphémères. Mais il provoquait une incomparable émulation. De l’émulation elle-même je

  1. Voyez la Revue du 15 mai.