Le titre seul que nous venons d’écrire implique une petite
révolution dans les esprits. On éprouve le besoin d’une élite. La
guerre a fait découvrir que les conducteurs d’hommes avaient
parfois du bon ; elle a fait constater l’utilité des chefs, et des
inventeurs. Peut-être aussi y a-t-il là un progrès naturel de
l’esprit démocratique. Dans un premier stade, il a peur des
supériorités ; dans un second, n’en ayant plus peur, il les
accepte et même il les réclame. La pédagogie, comme toujours,
suit et interprète ces mouvements de l’opinion. Pendant longtemps, nous avons médit des têtes de classes, et des maîtres
qui, se laissant aller au pas de ceux qui marchaient le plus
vite, négligeaient de vérifier si le reste de la bande les suivait.
Et nous n’avions pas tout à fait tort. Car tout est ici question
de mesure. La préparation aux épreuves du concours général
semblait être la caractéristique de cette méthode. Pour supprimer la préparation, on avait supprimé le concours. Il créait
sans doute des gloires factices et éphémères. Mais il provoquait
une incomparable émulation. De l’émulation elle-même je
- ↑ Voyez la Revue du 15 mai.