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oasis sahariennes (Touat, Gourara, Tidikelt), une lettre contenant le passage suivant : « Lors du massacre de la mission Flatters, une femme touarègue de famille noble a eu une très belle attitude, s’opposant à ce qu’on achève les blessés, les recueillant et les soignant chez elle, refusant l’entrée de sa maison à Attissi, qui, revenu blessé du combat d’Amguid contre Dianoux, voulait les achever lui-même, et, après guérison, les faisant rapatrier à Tripoli. Elle a maintenant 40 à 43 ans, passe pour avoir beaucoup d’influence, et est renommée pour sa charité. »

« Cette âme, continue le Père de Foucauld, n’est-elle pas prête pour l’Evangile ? N’y aurait-il pas lieu de lui écrire, pour lui dire que la charité qu’elle pratique souvent, et celle avec laquelle elle a recueilli, soigné, défendu, rapatrié les blessés de la mission française, il y a 22 ans, sont connues de nous et nous remplissent de joie et de reconnaissance envers Dieu ?... Dieu a dit : « Le premier commandement de la religion est d’aimer Dieu de tout son cœur. Le second est d’aimer tous les humains sans exception, comme soi-même. » Admirant et rendant grâces à Dieu de vous voir si bien pratiquer la charité envers les hommes, nous vous écrivons cette lettre, pour vous dire que, chez les chrétiens, où des centaines de milliers d’âmes, hommes et femmes, renonçant au mariage et aux biens terrestres, consacrent leur vie à prier, méditer la parole de Dieu et pratiquer la bienfaisance, tous les religieux et religieuses qui entendront parler de vous béniront et loueront Dieu de vos vertus, et le prieront de vous combler de grâces en ce monde et de gloire dans le ciel... Nous vous écrivons aussi pour vous demander très instamment de prier pour nous, certain que Dieu, qui a mis dans votre cœur la volonté de l’aimer et de le servir, écoute les prières que vous lui adressez. Nous vous supplions de prier pour nous et pour tous les hommes, afin que tous nous l’aimions et lui obéissions de toute notre âme. A lui gloire, bénédiction, honneur et louange, maintenant et toujours Amen. »

« Je vais envoyer copie de ce projet de lettre à Mgr Guérin, en lui demandant s’il veut écrire lui-même, ou s’il veut que j’écrive, en lui offrant, — si les relations se nouent, — si je reste seul, — d’aller faire une visite pédestrement à cette dame. »

L’idée même était venue à Frère Charles de demander au Pape d’écrire lui-même à cette charitable nomade. Et pourquoi