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signé et qui fut censé être un bulletin de sa santé ; pour avoir, dans le bulletin, consigné des faits qu’il n’avait pas observés lui-même ;... pour avoir été en retard d’une heure et demie le 24 janvier ; pour avoir, dans les bulletins, désigné le général Buonaparte par le mot de le « malade ; » enfin pour « s’être montré, dans l’ensemble de ses actes, disposé à contrecarrer les intentions et les prescriptions de l’amiral et du gouverneur, en leur fournissant de spécieux prétextes de plaintes. » L’amiral Plampin, seul témoin, dresse un réquisitoire dont Stokoë réfuterait facilement les mensonges, s’il n’avait laissé en Angleterre certaines pièces essentielles. Il ne semblait guère possible que, sur le seul témoignage du chef hiérarchique de l’accusé, une condamnation fût prononcée. Elle le fut. Stokoë fut condamné à être rayé des cadres de la Marine britannique. Désormais, les médecins savaient à quoi s’en tenir : s’ils trouvaient à l’Empereur la maladie de foie que Gourgaud avait niée, perte du grade, de l’emploi, et de la pension. C’était mettre la conscience à haut prix.

A la suite de cette alerte, du 18 au 20 janvier, il y eut une accalmie ; à diverses reprises, l’Empereur s’est promené dans son jardin, et Verling, d’après les bulletins de Stokoë, a pu dire au gouverneur « que, du côté du foie, il ne voyait pas de menace de danger immédiat, mais que, étant donnés l’âge, la conformation de Napoléon, sa manière de vivre enfermé, l’apoplexie était la chose à craindre. » Aussi bien, l’Empereur devenait très susceptible à la température ; il prenait facilement des rhumes, et il se plaignait de douleurs d’entrailles. Sa mine était effrayante : « Il a une figure de fantôme, » dit Nicholls à Verling, Le 15 août (1819) celui-ci écrit au major Gorrequer : « J’ai été informé que la maladie qui agit en ce moment sur l’organisme du général Buonaparte, est une affection des entrailles, et je suis conduit à penser que ces crises occasionnelles, comme on les désigne ici, proviennent de la même cause. »

On peut conclure que « son organisme a été obstrué par des bains chauds et de fréquents clystères, ainsi que par l’abstinence, mais on dit que, depuis quelque temps, il a senti que les bains lui produisaient beaucoup de faiblesse, qu’il a été effrayé de la façon dont il en prenait, et qu’à présent que les clystères ont fini par ne produire aucun effet, on ne disait pas qu’il eût essayé de prendre d’autres médicaments, bien qu’il ait été