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de Francis (?) : l’agitation nerveuse qui avait été provoquée par la vue de l’ombre impériale était à peine tombée. Il est impossible de ne pas admirer la tromperie pratiquée par le plus grand imposteur dans le choix d’une robe de chambre pour son début. Cela sent le faubourg Saint-Antoine au temps des sans-culottes. »

On voit dans quelle intention ce Baxter aspire à être introduit près de Napoléon. C’est le chirurgien du bagne, chargé de déceler les ruses des forçats. Il s’est acharné à démontrer que Napoléon n’est pas malade ; il y met son amour-propre et sa haine. Pourtant, le 28 octobre, Verling a appris par Montholon « qu’il trouvait Napoléon plutôt mal, qu’il se plaignait beaucoup et était plus jaune. » Le 15 novembre, Montholon lui a dit que « Napoléon se plaignait de son côté, que ses linges étaient toujours tachés, que les clystères ne produisaient presque plus d’effet, qu’il ne voulait prendre par la bouche aucun médicament depuis le départ d’O’Meara, qu’il gardait la diète, et se traitait en jeûnant et en prenant des bains chauds. Il dormait à peine, se promenait de long en large dans sa chambre, en lisant ou en écoutant une lecture. » Enfin, le 17 décembre, Montholon écrit au gouverneur que la santé du général Buonaparte va de pire en pire et que, depuis la dernière huitaine, il n’a pas quitté son lit. Le gouverneur demande à Verling s’il a été informé de l’état de sa santé ; « à quoi il répond que Mme Bertrand l’a avisé qu’il tenait le lit et qu’il était plus mal que d’habitude la nuit dernière, et cela lui fut dit aussi par le comte Montholon : il s’est plaint d’une forte douleur dans son côté. »


III. — LE DOCTEUR STOKOË

Hudson Lowe eût donc pu se tenir pour averti, lorsque juste un mois plus tard (le 16 janvier) la crise éclata. A trois heures du matin, Verling fut réveillé par Nicholls, l’officier d’ordonnance, porteur d’une lettre du comte Bertrand au docteur Stokoë, du Conqueror. Par cette lettre où il l’assurait que seul, il avait la confiance de l’Empereur, il demandait d’urgence sa présence immédiate à Longwood, ajoutant que Napoléon était tombé très bas et que les entours de l’Empereur étaient très alarmés. Aussitôt, Verling écrit à Hudson Lowe. A sept heures moins le quart, il écrit à l’amiral Plampin : à midi, Stokoë arrive.

C’est un camarade, — on ne saurait jusque-là dire : un ami,