Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 63.djvu/657

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE GRAND CONTI

III [1]


GUERRE EN DENTELLES

Pendant deux années, Conti joue un rôle assez modeste. Au mois d’octobre 1688, l’armée assiège Philipsbourg, l’un des remparts de l’Allemagne. Le commandement effectif appartient au maréchal de Duras, le commandement nominal au Dauphin, et Conti est simple volontaire.

Comme le duc de Bourbon, il passe la nuit dans la tranchée. Les deux beaux-frères animent les travailleurs par leur exemple et leurs libéralités, et Catinat, qui les voit à l’œuvre, écrit à Louvois : « S’ils n’étaient pas si grands seigneurs, l’on pourrait dire que l’on en ferait de bons colonels. » Ils assistent à toutes les péripéties du siège. Les tranchées cheminent dans un terrain marécageux, où les soldats ont de l’eau jusqu’au genou. Les combats sont si rapprochés, que les combattants croisent leurs fusils à travers les palissades. L’éclatement des bombes embrase la ville. Démolis par les boulets, les bastions s’écroulent. Les assiégés exécutent des sorties. Le 17, à la tête du régiment de Bourbon, Conti et Monsieur le Duc les chargent et les repoussent. Le 29, Philipsbourg capitule.

Bientôt, Mannheim ouvre ses portes. Le 18 novembre, c’est Frankenthal, puis Kaiserslautern, Oppenheim, Worms, Spire, Heidelberg. On voit que Monseigneur à Vauban dans son armée.

Les troupes rentrent dans leurs quartiers d’hiver ; et le 22 le Dauphin, Monsieur le Duc et le prince de Conti retournent à Versailles. Les évêques de Metz et de Verdun les reçoivent dans

  1. Voyez la Revue des 1er avril et 1er mai.