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écoles nouvelles. Assurément non, et cette année, il faut l’avouer, la plupart des maîtres qu’on avait coutume d’admirer sont inférieurs à eux-mêmes. Leurs « grandes machines » sont pitoyables. On ne peut guère citer que les toiles de M. Lucien Simon, qui restent dignes de leur signature. Le Salon, en ses plus mauvaises années, était toujours sauvé par deux choses : le Portrait et le Paysage. Cette fois, il n’est même pas sauvé par le Portrait. Il en est peu de bons et il n’y en a pas d’excellent. Quand on aura rendu hommage au talent, à la science et à la conscience visibles dans celui de Mme L... par M. Pierre Laurens, aux Champs-Elysées, et reconnu, dans celui de l’Abbé Sicard par M. Bonnat, quelque chose de la vieillesse laborieuse de Titien ; quand, à la Société nationale, avenue d’Antin, l’étourdissante virtuosité de M. Boldini nous aura retenus devant son Portrait de Mme H... et ses deux enfants, sorte d’instantané à la Vigée le Brun, et, le solide métier de M. Weerts devant son propre portrait digne d’aller dans la galerie contemporaine des peintres peints par eux-mêmes, aux Uffizi, le reste des effigies n’aura qu’un intérêt biographique et mondain.

Assurément, des figures comme celles de M. Fernand Roy par M. Cayron, de M. le baron de C... par M. Etcheverry, de M. l’abbé Schlaegel, curé de Cambo, par M. Pascau, de Sem par M. Oswald Birley, sont très adroitement posées, très correctement et même assez spirituellement dessinées et convenablement peintes. Mais elles ne sont pas de celles qui datent un Salon et font dire plus tard : Vous souvenez-vous ? La même chose peut être dite des portraits du maréchal Foch par M. Patricot, du général Guillaumat par M. Dawant, du général Weygand par M. Bernard-Ostermann, du général T... par M. Gervex : quoique tous les quatre de bonne peinture, ils ne sont mémorables que par leurs modèles. Les autres portraits officiels, au total et sauf de très rares exceptions, ne seront même pas sauvés par leurs modèles : ils sont franchement détestables, et le trait signalétique, le trait de dissemblance avec l’Espèce y manque si bien, que, lorsque leurs modèles ne seront plus là et lorsque la génération qui les a connus aura disparu, on ne pourra même plus dire, comme nous le disons, à coup sûr, devant des portraits vieux de cinq siècles : « Comme c’est ressemblant ! »

Aussi, le seul portrait, ou soi-disant tel, qui ait ému le public, dans ces deux Salons, ne le doit point du tout à ses qualités,