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millième de millimètre près [1], la quantité dont on aura écarté les deux lames de verre.

Cette idée géniale et féconde de notre Fizeau a été admirablement mise en œuvre par le physicien américain Michelson. Celui-ci a tout d’abord découvert des sources de lumière parfaitement monochromatiques, c’est-à-dire constituées par une raie spectrale lumineuse d’une longueur d’onde tout à fait nette et bien délimitée. Ceci est important, car si la source n’est pas parfaitement monochromatique, les franges observées lorsque l’épaisseur d’air augmente finissent par se brouiller. Finalement, Michelson s’est arrêté, comme source lumineuse, à la lumière que fournit dans un tube à vide à faible pression et sous l’influence du courant électrique la vapeur d’un certain métal, le cadmium. Dans ces conditions, à peu près toute la lumière de ce métal incandescent est concentrée dans trois raies spectrales, l’une rouge, l’autre verte, la troisième bleue et qui sont parfaitement monochromatiques.

Je n’insiste pas, car ils n’ont pas d’intérêt ici, sur les dispositifs mécaniques et optiques d’une rare ingéniosité qui ont finalement permis à Michelson de réaliser son objectif : la mesure de longueurs relativement considérables par le moyen des franges d’interférence. Le principe seul de la méthode nous importe ici, et nous venons de l’exposer.

Michelson et M. Benoît, directeur du Bureau international des poids et mesures, ont déterminé de la sorte la longueur exacte du mètre étalon international qui est déposé à ce bureau. Ils ont trouvé ainsi que la valeur du mètre égale 1553164, 02 fois la longueur d’onde de la raie rouge du cadmium. D’où l’on déduit réciproquement que la longueur d’onde de cette raie rouge est égale à 0,64384700 millième de millimètres.

Cette détermination est fondamentale pour le présent et l’avenir de la métrologie et de toutes les sciences de précision. Si le mètre étalon venait à disparaître, ou s’il subissait, — comme c’est fort possible avec le temps, — des altérations physico-chimiques qui modifient sa longueur, cela n’aurait plus maintenant d’inconvénients et cela n’entraînerait aucune incertitude dans la comparaison des résultats numériques de la physique d’aujourd’hui et de demain. On a en effet maintenant le moyen de reproduire exactement la longueur du

  1. Puisque chaque frange de lumière jaune correspond à un déplacement d’à peine un quart de millième de millimètre.