Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 63.djvu/463

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’où proviennent ces ondes stationnaires ? Cela est facile à comprendre : considérons un point entre les deux extrémités vibrantes du diapason et supposons qu’en ce point l’onde émanée de l’une des extrémités du diapason arrive et soit telle que c’est un des sommets de l’onde qui, à cet instant, passe en ce point ; supposons qu’au même instant, ce soit au contraire le creux de l’onde émanée de l’autre extrémité du diapason qui arrive en ce point. Il est clair que le résultat sera une immobilité complète du liquide à cet endroit, puisqu’il sera en même temps sollicité de s’élever par une des ondes, et de s’abaisser d’une quantité exactement égale par l’autre. En ce même point, à l’onde qui est à son sommet va succéder la dépression qui la suit ; mais en même temps et en ce même point, à l’onde qui est à son creux va succéder un sommet, si bien qu’en cet endroit, le liquide ne cessera pas d’être sollicité vers le haut et vers le bas par des forces opposées et égales et que le résultat sera l’immobilité. En un point voisin de celui-là, les deux ondes qui se croisent seront au contraire à chaque instant dirigées dans le même sens, toutes deux en sommet ou toutes deux en creux simultanément ; en ce point, la vibration du liquide sera deux fois plus ample. Dans ces conditions, il est clair qu’on aura donc un système d’ondes stationnaires, c’est-à-dire des points de la surface liquide où l’immobilité sera constante, séparés par des points où le liquide ondulera constamment.

Or, le phénomène que nous venons de décrire n’est pas autre chose que celui qu’on appelle en optique le phénomène des interférences. Si, au lieu du croisement d’ondes liquides, nous considérons celui d’ondes lumineuses, nous allons voir que les mêmes apparences se produisent, apparences que l’analogie précédente nous aidera maintenant à bien comprendre.


Dès 1665, dans un ouvrage posthume du Père François-Marie Grimaldi, on trouve que les observations de ce savant, dont il ne donne pas d’ailleurs le détail sous une forme convaincante, l’avaient amené à conclure que de la lumière ajoutée à de la lumière peut, dans certains cas, produire l’obscurité.

Mais il faut en réalité attendre les travaux du physicien anglais Thomas Young, qui, un siècle plus tard, donna une forme correcte aux expériences de Grimaldi, pour avoir une première description exacte du phénomène des interférences.