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Ce qui peut donner lieu à un certain étonnement, c’est de voir qu’une dépêche officielle, adressée au Directoire, ait été lue dans une séance de la Classe des Sciences physiques et mathématiques. Pour quelles raisons Fourcroy a-t-il fait cette lecture à ses confrères ? Est-ce pour faire honneur à Monge, membre de la Classe, qui venait de recevoir une distinction exceptionnelle ? Cela est possible ; mais il est fort possible aussi que Fourcroy ait voulu faire applaudir de la Classe un général qui parlait de la science sur un ton qui n’était pas ordinairement le ton des hommes de guerre. Faire applaudir Bonaparte de cet auditoire et à cette date, il semble bien que cela ait été un moyen détourné, mais fort adroit, de poser devant les membres de la Classe la candidature académique du général qui venait de signer le traité de Campo-Formio.

A cette date, en effet, du 1er novembre 1797, il y avait quinze jours qu’une vacance était à pourvoir dans la Section II ou des Arts mécaniques de la 1re Classe de l’Institut national.

La Section subit d’une manière inattendue la répercussion du coup d’Etat du 18 fructidor. Carnot, qui était membre du Directoire depuis l’origine, avait été porté sur la liste des « individus » qui devaient être, « sans retard, déportés dans le lieu qui sera déterminé par le Directoire exécutif, » en vertu de la loi du 19 fructidor, 5 septembre 1797.

Le 26 septembre suivant, l’Institut, à une de ses séances générales, recevait communication d’une lettre du ministre de l’Intérieur, Letourneux.

« Le Directoire exécutif me charge de rappeler à l’Institut national qu’en conséquence des lois du 19 et du 22 fructidor de l’an V, la place du citoyen Carnot dans la 1re Classe, celle du citoyen Pastoret dans la 2e Classe, celles des citoyens Sicard et Fontanes dans la 3e et du citoyen Barthélémy, associé non résidant, sont vacantes. Le Directoire engage l’Institut à s’occuper de leur remplacement. »

Le procès-verbal de la séance fait suivre la lettre du ministre de cette simple indication : a Arrêté que cette lettre sera renvoyée à chacune des Classes pour s’occuper de cet objet. »

Le 17 octobre suivant, la 1re Classe s’occupa du « remplacement » que le Gouvernement attendait d’elle. « Aux termes de l’article X du règlement, dit le procès-verbal de la séance, la discussion s’établit sur le remplacement des citoyens Pelletier et