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BONAPARTE, MEMBRE DE L’INSTITUT


Napoléon, comme un enfant, était charmé d’avoir été élu membre de l’Institut.
CHATEAUBRIAND.


Le nom de Bonaparte apparaît pour la première fois dans l’histoire de l’Institut national des Sciences et des Arts à la date du 1er novembre 1797. Ce jour-là, 11 brumaire an VI, la 1re Classe, la Classe des Sciences physiques et mathématiques, tenait séance ; le procès-verbal de la séance porte cette mention :

« Le citoyen Fourcroy (membre de la Section de Chimie) fait lecture de la lettre écrite par le général Buonaparte au Directoire exécutif, en lui envoyant le traité de paix conclu avec l’Empereur, dont le citoyen Monge, membre de la Classe, et le général Berthier ont été les porteurs. La Classe arrête qu’une copie authentique de cette lettre sera transcrite dans le procès-verbal d’une de ses séances. »

L’envoi de cette dépêche au Directoire, le choix de Berthier et de Monge pour porter au Gouvernement le texte du traité de Campo-Formio n’ont rien que de naturel. Le général de l’armée d’Italie avait accueilli Monge avec une faveur marquée, lorsque celui-ci avait été envoyé au delà des Alpes comme membre de la commission chargée de recevoir les œuvres d’art cédées à la France ; l’œuvre de la commission terminée, il l’avait retenu auprès de lui. Au château de Passariano, le général et le géomètre avaient eu de fréquents entretiens. Bonaparte, qui connaissait la passion de son ami pour l’hymne de Rouget de l’Isle, avait dit plus d’une fois à la musique, même devant les négociateurs autrichiens, « de jouer la Marseillaise pour Monge. »