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peuvent être transportées par cent avions à grand rayon d’action... et Cologne est à 500 kilomètres de Londres et Stuttgart à 400 kilomètres de Paris.

Telles sont les idées qui ont cours dans les milieux actifs de l’Allemagne.


Ce sont encore pour les Allemands des rêves d’avenir ; dans le temps présent, leur aviation est réduite en nombre, presque annihilée en puissance.

Pour donner de la réalité à ces rêves, il faudra relativement peu de temps, mais beaucoup d’argent.

Peu de temps, — car l’Allemagne a certainement à l’étude et probablement en essais, des avions nouveaux, des moteurs nouveaux. Les avions métalliques peuvent être construits rapidement, avec des matériaux standardisés, dans des usines maintenues en haleine et à mobilisation industrielle préparée ; comme entrée de jeu, elle disposera de son aviation commerciale rapidement mobilisée.

Beaucoup d’argent, — car l’arrêt brusque des fabrications industrielles, la transformation des usines, le prix élevé des constructions aéronautiques de guerre, entraîneront des sacrifices financiers considérables.

Pour le moment donc, il suffit de se garer d’une attaque brusquée, par surprise, coïncidant vraisemblablement avec un soulèvement de la population sur les derrières de nos divisions sur le Rhin. Si peu probable que puisse paraître actuellement une telle opération, encore faut-il la prévoir et se garder, tant par une escadre aérienne toujours prête à prendre l’air, que par des organes à terre, fixes ou mobiles, de défense anti-aérienne. C’est fait, et si l’attaque se produisait, quelques villes allemandes payeraient chèrement, et dès la première heure, la rupture de la paix.


Mais demain, l’Allemagne aura recouvré toute liberté de fabriquer et de mettre en service toute l’aviation commerciale, ou dite commerciale, qu’elle voudra ; à la condition de ne pas mettre tout de suite sur les avions des mitrailleuses ou des porte-bombes, de ne pas faire revêtir aux pilotes-aviateurs