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ils ne se seraient pas hasardés à nous proposer de le déchirer. Mais, à travers l’Océan, comment distinguer très nettement tous les dessous de la politique allemande ? Un non pur et simple du président Harding aurait cruellement embarrassé M. Simons et aurait peut-être amené le Reich à faire des propositions sérieuses et à offrir des gages. Dans une noble pensée de pacification, le Président a cru devoir envelopper son refus de quelques phrases lénitives. Il a formé le vœu que des négociations pussent être reprises immédiatement entre l’Allemagne et les Alliés ; il a exprimé l’espoir « que le gouvernement allemand formulerait promptement des propositions présentant une base convenable de discussion ; » et il a ajouté, en des termes qui ont donné lieu, en Allemagne, aux interprétations les plus diverses : « Si le Gouvernement allemand s’engage dans cette voie, le Gouvernement des États-Unis examinera la question de soumettre l’affaire à l’attention des Alliés d’une manière acceptable pour ces derniers, afin que des négociations puissent être rapidement reprises. » Déclarations pleines de prudence et de discrétion, où le Président accumulait intentionnellement les réserves : Si le Gouvernement allemand... le Gouvernement des États-Unis examinera... soumettre l’affaire à l’attention des Alliés... la leur soumettre d’une manière acceptable pour eux... la leur soumettre en vue d’une négociation à reprendre entre eux. Ce sont eux qui resteront maîtres ; le Gouvernement des États-Unis ne décidera rien ; il transmettra une proposition, si elle lui parait digne d’être transmise. Rien de plus ; pas d’arbitrage, pas de médiation. Mais M. Simons ne s’arrête pas à ces restrictions ; il annonce au Reichstag que le président Harding, tout en déclinant l’arbitrage, accepte la médiation et que, par suite, le Gouvernement allemand établit un projet de réparations, pour l’envoyer à Washington. En même temps, l’Allemagne fait savoir à Londres qu’elle est prête à communiquer des propositions définitives, et elle adresse à la Commission des Réparations un nouveau programme ou, plus exactement, une nouvelle édition, très légèrement remaniée, des programmes antérieurs. Elle encombre toutes les agences de l’univers d’exposés de ses offres et elle s’imagine ainsi faire au monde la démonstration de sa bonne volonté. Mais il faudrait que le monde fût bien complaisant ou bien distrait pour se laisser prendre à ces manifestations bruyantes. Le plan de reconstruction que propose l’Allemagne, nous le connaissions déjà, et les précisions qu’elle y ajoute aujourd’hui ne sont pas pour nous rassurer, puisqu’elle promet, par exemple, d’ici à l’hiver, vingt-cinq mille baraques provisoires en bois, alors qu’il en