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Et il me lit un télégramme de Savinsky, affirmant, d’après une confidence digne de foi, que le Gouvernement bulgare est résolu d’ores et déjà, à soutenir les Puissances germaniques, et à attaquer la Serbie.



Vendredi, 20 août 1915.

La forteresse de Nowo-Georgiewsk, dernier rempart des Russes en Pologne, est aux mains des Allemands. Toute la garnison, soit environ 85 000 hommes, a été faite prisonnière.

Mon collègue du Japon, Motono, qui vient de passer quelques jours à Moscou, y a constaté au sujet de la guerre, un état d’esprit excellent : volonté de lutte à outrance, acceptation anticipée des plus grands sacrifices, foi absolue en la victoire finale, tous les sentiments de 1812.



Dimanche, 22 août 1915.

Raspoutine ne sera pas resté longtemps dans son village sibérien. Revenu depuis trois jours, il a déjà eu de longs entretiens avec l’Impératrice.

L’Empereur est aux armées.



Mardi, 24 août 1915.

Les désastres militaires provoquent naturellement de l’agitation dans les usines de Pétrograd, où les faits de grève et d’insubordination se répètent chaque jour. Le chef du parti « travailliste » à la Douma, l’avocat Kérensky, aurait déjà préparé, m’assure-t-on, un vaste programme d’action révolutionnaire, fondé sur la coopération des ouvriers et des soldats ; il aurait dit notamment : « Si nous n’avons pas l’armée pour nous, on s’en servira contre nous. » Il organise donc des comités mixtes de soldats et d’ouvriers qui, le jour de l’émeute, prendraient la direction du mouvement.

L’Okhrana, qui suit de près cette propagande, a effectué, ces derniers temps, de nombreuses arrestations dans les quartiers d’Okhta, de Vyborg et de Narva.