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surface immense, unie comme une glace, au sol de terre rouge, sans une pierre ; elle s’étend entre le Grand et le Petit Atlas... Elle est ici de 40 kilomètres... La vallée du Sous demeurera la même durant les trois jours que je vais la remonter : plaine d’une fertilité merveilleuse, enfermée entre deux longues chaînes, dont l’une moins élevée et à crêtes uniformes, borde au Sud l’horizon d’une ligne brune, tandis que l’autre, s’élançant dans les nuages, élève à pic, au-dessus de la campagne, ses massifs gigantesques, aux flancs bleuâtres, aux cimes blanches. La plaine du Sous, toute d’une admirable fécondité, est loin d’être cultivée en entier... »

Le 31 mars, le voyageur était de retour dans la région de Tisint, où le rabbin Mardochée l’attendait.

Il ne se dirigea pas immédiatement au Nord-Est. Personne ne voulut accepter de j’accompagner dans la contrée où il chercha d’abord à entrer : force lui fut de repasser par Tazenakht.

Nous savons désormais quelle était la manière de voyager de Charles de Foucauld, l’endurance et le courage qu’il montra, et de quel bel esprit de savant et de poète il fit preuve en écrivant ses souvenirs. Il ne me reste donc qu’à relever quelques noms, sur cette route de retour, qui fut rapidement parcourue.

De Tazenakht, il se rend au Mezgîta, puis au Dadès, puis à Qçabi ech Cheurfa. En route, il est retenu deux jours par de grandes pluies. Le 8 mai, il passe à gué la Mlouïa, le plus large courant d’eau, semble-t-il, qu’il ait traversé, puisque la Reconnaissance au Maroc note ici 35 mètres de large, 1 mètre 20 de profondeur.

Les dernières étapes le conduisent à Debdou, premier point faisant un commerce régulier avec l’Algérie. Le voyageur n’a plus un centime. Heureusement, il se trouve à quatre journées de marche seulement de Lalla Marnia. Il vend ses mulets, se procure ainsi de quoi en louer d’autres, et, parti d’Oudjda à sept heures du matin, le 23 mai, arrive en terre française à dix heures, et, bientôt après, à Lalla Marnia, où il quitte Mardochée.

A la suite de la Reconnaissance au Maroc, Charles de Foucauld a rédigé, avec cet esprit méthodique si remarquable déjà dans le récit même du voyage, une seconde partie qu’il intitule : Renseignements. Dans cette partie, toute scientifique, sont rassemblés les détails que le voyageur a pu observer, ou