Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 62.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
L’ŒUVRE DE LA FRANCE EN SYRIE.

souplesse infinies ; elle est, pour cette raison, d’une grande difficulté d’application.

Il ne faut pas perdre de vue, en outre, que notre pays, dont le dévouement traditionnel aux belles causes est historiquement prouvé, doit panser trop de blessures et faire pour lui-même trop de nouveaux sacrifices pour pouvoir s’engager dans cette voie généreuse, s’il ne devait en résulter pour lui que des charges. Il semble que cette formule d’avantages réciproques puisse être donnée à l’association franco-syrienne : Nous apporterons à la Syrie tous les profits qu’elle est en droit d’attendre de la collaboration française. Nous escompterons en revanche, pour la France, tout ce que celle-ci peut tirer de ses relations avec la Syrie. Il nous restera une place prépondérante dans son affection, et une situation économique avantageuse vis-à-vis d’un pays devenu prospère grâce à l’appui français.

Par quelle voie faut-il tendre vers ce but ? Parmi les solutions prévues, sous l’inspiration du général Gouraud, on peut citer comme un modèle celle que définissent les instructions données à ses collaborateurs par le chef de notre mission auprès du gouvernement de Damas, le commandant Catroux, qui a apporté à l’examen de ces problèmes difficiles toute l’expérience et le savoir acquis au cours de sa belle carrière métropolitaine et d’outre-mer. En indiquant que les modalités de notre intervention dans les affaires syriennes doivent s’adapter aux besoins successifs des divers stades de cette évolution, il a écrit : « La collaboration franco-syrienne forme en quelque sorte la somme constante de deux termes : le terme syrien et le terme français. La formule vraie dans le domaine financier est également exacte dans celui de la politique, de l’administration, de l’enseignement et du développement économique. » Actuellement, pour jeter les fondements de l’édifice, alors que les cadres du futur État se dessinent à peine, nous sommes amenés à intervenir personnellement beaucoup plus que nous ne serons contraints de le faire dans l’avenir.

La valeur de l’intervention est d’ailleurs régionalement très différente, suivant le degré d’évolution des diverses parties constitutives de la Syrie. Ce dosage correspond aux formes diverses données aux organisations administratives de l’État du Grand Liban, par exemple, et du territoire des Alaouites, cette dernière ne pouvant être que beaucoup plus rudimentaire. La