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le plus grand honneur à M. Georges Picot, dont l’action politique a inspiré les mesures que les officiers du colonel de Piépape et du général Hamelin ont heureusement réalisées. Le plus brillant des artisans dans cette tâche d’organisation fut M. le sous intendant colonial Copin, alors administrateur en chef de la zone Ouest, et qui devait, un an plus tard, donner toute sa mesure comme chef des services administratifs du Haut-Commissariat du général Gouraud.

L’armée alliée victorieuse suivit pas à pas la débâcle turque. Elle trouva le pays ruiné. Beyrouth, jadis prospère, comptait 50 000 indigents ; rien que dans le Liban, 300 000 montagnards étaient morts de faim. Notre première œuvre dut donc être une œuvre de charité. Les stocks de blé accumulés par les accapareurs turcs furent jetés sur le marché, des chantiers ouverts, des asiles d’enfants créés. Le ravitaillement normal du pays fut réorganisé. C’est ainsi que la famine put être conjurée, et nombre de malheureux sauvés. Notre assistance dut se prolonger tant que dura la présence de Feyçal et que les bandes encouragées par lui désolèrent le pays.

Mais l’avenir ne pouvait être assuré que par la remise en valeur du sol. L’occupation française organisa donc des distributions de semences. Aussi l’on récoltait, en zone Ouest, dès 1920, 80 000 tonnes de blé, 33 000 de maïs et plus de 100 000 d’orge. La culture du mûrier et la production du ver à soie reprirent également, ainsi que l’élevage.

L’Administration française favorisa la restauration du commerce syrien, et, dès avril 1920, le port de Beyrouth donnait 9 500 tonnes à l’importation, et 1 000 à l’exportation. Le réseau routier fut remis en état et amélioré, d’importants travaux urbains furent entrepris.

Quinze écoles seulement fonctionnaient le 1er janvier 1919. Au 1er mai 1920, on enregistrait déjà des chiffres éloquents : 1 351 écoles ouvertes en Syrie, dont 941 pour la zone Ouest. Elles comprenaient 279 écoles officielles et 662 écoles privées. En même temps, l’organisation méthodique de tout le système scolaire était préparée par le service de l’instruction publique du Haut-Commissariat.

De même, les œuvres d’assistance étaient reprises à notre retour, les hôpitaux rouverts à Beyrouth, à Tripoli, à Latakieh, à Saïda. On vit renaître, en outre, rapidement, de nombreux