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et un milliards de marks or, auxquels il conviendra d’ajouter l’x à dégager plus tard d’une autre équation, c’est-à-dire l’inconnue que recèlent les futures exportations de l’Allemagne. Sur le tout, la France aura droit à cinquante-deux pour cent. Elle touchera, par conséquent, une somme inférieure à la moitié de ses dommages et de la charge de ses pensions, tels qu’ils sont évalués par les administrations compétentes et que M. Doumer les a exposés à la Conférence de Paris.

Nous voilà donc très loin du traité de Versailles. Dans la note envoyée le 29 mai 1919 à la Conférence de la paix par M. Brockdorff-Rantzau, il était dit : « Le gouvernement allemand se rend bien compte que, pendant des générations, le peuple allemand aura à supporter des charges plus lourdes que tout autre. L’Allemagne est prête, dans les quatre semaines qui suivront la ratification du traité, à établir une reconnaissance de dette pour une somme de vingt milliards de marks or. Elle est prête également à constituer de la même manière les reconnaissances de dette nécessaires sur la somme totale correspondant aux dommages constatés et à opérer, à partir du 1er mai 1927, des paiements annuels sur cette somme, par tranches ne comportant pas d’intérêts, avec cette réserve que l’ensemble des réparations ne pourra, en aucun cas, dépasser une somme de 100 milliards de marks or. »

La Conférence de la paix a repoussé ces propositions comme insuffisantes et le traité a stipulé que les réparations seraient égales aux dommages et qu’en attendant le paiement, l’Allemagne remettrait aux Alliés, en trois séries, des bons pour cent milliards de marks or, dont quarante portant intérêts, d’abord, de deux et demi, puis de cinq pour cent, et quarante portant intérêts de cinq pour cent. Toutes ces clauses sont aujourd’hui perdues de vue. Par une longue suite d’inexplicables concessions, nous en sommes venus à des combinaisons beaucoup plus onéreuses pour nous et plus avantageuses pour l’Allemagne, et, dans notre souci de ne pas laisser apparaître à l’opinion française l’énormité de nos rabais, nous n’avons même pas eu, vis-à-vis du Reich, le mérite de l’étonnante bienveillance que nous lui témoignions.

Chaque fois que, le long de cette échelle de corde que nous a jetée le Conseil suprême et qui plonge malheureusement dans le gouffre de notre déficit budgétaire, nous avons descendu un nouvel échelon, nous avons entendu des voix rassurantes nous crier : « Ne vous inquiétez pas. En retour des sacrifices que nous nous imposons, nous obtenons des garanties sérieuses, qui ne figuraient pas dans le traité. »