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questions dont l’histoire ne devait plus s’occuper. Mais quand des hommes d’État, occupés à se disputer le pouvoir, ont-ils compris le véritable objet de leurs luttes et la véritable signification de leurs actes ? Ils ne voient et ne se passionnent que pour le petit jeu dans lequel ils sont engagés. Et, en effet, Maximin vit tout de suite clair dans le jeu des adversaires, et il n’hésita pas un instant à agir. Licinius était encore en Italie, qu’il envahissait déjà la péninsule balkanique, prenait d’assaut d’abord Byzance et puis Perinthe, et poussait enfin vers Adrianople. Licinius dut accourir et se mettre sur la défensive. Mais une grande bataille, livrée non loin de Perinthe, environ à dix-huit milles d’Héraclée, le 30 avril 313, changea le sort de la guerre. Maximin, battu, s’enfuit en Cilicie où il mourut.


IV

Peu avant, Dioclétien était mort à Salone, après avoir assisté à la catastrophe de son système. La tétrarchie, qu’il avait organisée, était désormais réduite à une diarchie, qui ne reposait plus que sur l’équilibre des forces. Combien de temps durerait cet équilibre, que la défiance, l’ambition, la rivalité, toutes les violentes passions de cette époque semi-barbare et non plus dominée par aucun principe indiscutable d’autorité, minaient continuellement ? Une guerre ne tarda pas, en effet, à éclater entre les deux Augustes survivants. Constantin semble en avoir pris l’initiative sous un prétexte quelconque. Licinius fut battu à Cibalae, en Pannonie, sur la Save (aujourd’hui Vinteow), le 8 octobre 314, puis de nouveau dans la Thrace. Mais ni l’une ni l’autre ne furent des victoires décisives. Constantin comprit que, pour vaincre définitivement le rival, il aurait fallu porter la guerre jusqu’au cœur de l’Orient, engageant la plus grande partie de ses armées et dégarnissant les frontières, toujours menacées, de son Empire. Il n’avait pas de forces suffisantes pour une telle entreprise ; il préféra donc un accord. A son tour, Licinius, qui avait été battu, consentit à traiter. Constantin eut l’Illyrie, la Grèce, une partie de la Moesie, la Macédoine, l’Epire, la Dardanie, la Dalmatie.la Pannonie, le Noricum. Ayant résisté à ce premier coup, l’équilibre se rétablit entre les deux empereurs et se maintint environ neuf ans. Pour environ neuf ans, l’Empire garda la forme