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REVUE DES DEUX MONDES.


Elles ne devaient pas être dissimulées, car il est nécessaire que le pays sache quel effort a été fait là-bas, pour la poursuite de notre politique en Orient, d’une tradition séculaire sans doute, mais librement renouvelée aussi par la France au nom de sa Victoire.

Si ces difficultés ont été graves et le succès chèrement payé, il n’en est que plus méritoire, et ne doit pas en être moins fécond. Il a permis, en Syrie, d’entrer enfin dans la voie de l’organisation administrative du pays et dans celle de son développement économique. Il doit permettre, en Cilicie, de rétablir un régime de paix et de faire cesser les sacrifices trop lourds déjà que nous avons consentis jusqu’ici, étant entendu que la sécurité et les droits des minorités chrétiennes dont nous garderons la charge morale seront respectés, et que les avantages économiques sur lesquels nous devons compter, seront largement consentis à la France.

Mais, aujourd’hui comme hier, une question domine tous les problèmes posés au Levant : celle des effectifs.

Tant qu’il restent insuffisants en Syrie, nous sommes bernés, attaqués par Feyçal ; en Cilicie, l’attaque est encore plus dure, des postes vaillamment défendus succombent; un effort surhumain, qu’elles donnent avec un dévouement digne de la Grande Guerre, est imposé aux troupes.

Lorsque les effectifs répondent à la situation, en Syrie, l’horizon s’éclaircit en une matinée de combat, et la situation y demeure, depuis, excellente ; en Cilicie, bien que les résultats n’aient pas été aussi décisifs, du moins avons-nous libéré la plus riche partie de la province, et imposé le respect à nos adversaires.

Peut-être comprendront-ils un jour combien est vaine cette lutte pour une région que le traité leur remet, combien est vain aussi leur espoir de triompher de nos soldats. Ils ne peuvent avoir oublié que les poilus savent « tenir. »


Testis.


(À suivre.)