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commissaire général du Directoire Francisque Rudler, de Guebviller, jusqu’au préfet Simon, l’ancien maire de Colmar, en passant par François de Ladoucette, fils d’un avocat de Nancy, Adrien Lezay-Marnesia, fils d’un capitaine au régiment royal de Metz, Bexon d’Ormescheville, ancien seigneur d’Ormescheville près de Bitche, Maximilien Kepler, l’enfant d’Andlau et le premier maire révolutionnaire de Strasbourg. Avez-vous remarqué le cercle des prêtres alsaciens de Mayence, qui se groupent autour de l’évêque Colmar, le Strasbourgeois, des abbés Raess et Lieberman, de l’évêque Jean Jacob Humann, le frère du ministre de Louis XVIII, et aussi l’activité de l’évêque Berdolet, l’enfant de Rougemont (Haut-Rhin) dans le diocèse d’Aix-la-Chapelle ? Et puis tous ces industriels alsaciens qui vinrent sur le Rhin, Laurent Jecker, ce petit paysan d’Einsisheim en Alsace, le protégé de Napoléon, qui alla faire son apprentissage en Angleterre et vint fonder une fabrique d’épingles à Aix-la-Chapelle, les deux frères Migeon qui quittèrent Belfort pour aller s’établir eux aussi dans Aix-la-Chapelle, et Jean Guillaume Rautenstrauch qui fut un des fameux maires de Trêves ?

Je ne prétends pas conclure de ces réussites alsaciennes et lorraines à des analogies foncières. A défaut d’autres différences, un grand fait de volonté suffirait à départager l’histoire de nos provinces de l’Est des destinées rhénanes : la Révolution française a été acceptée et maintenue, même en face de la Sainte-Alliance, par les Alsaciens et les Lorrains, et l’on n’en saurait dire autant de la majorité rhénane. Mais il n’en reste pas moins que Napoléon ne choisissait pas par hasard chez nous, ses préfets et ses évêques. Ce n’est pas par hasard qu’il associant à son œuvre rhénane cette multitude de nos compatriotes. Il les croyait les plus aptes à bien faire, parce qu’ils ont la discipline latine et en même temps connaissent la langue, les mœurs et les sentiments de la Rhénanie. Il se fiait à leur puissance de séduction et d’action, dans une région qu’ils comprennent mieux que des Français plus éloignés de la frontière. Il avait prévu ce que nous avons constaté, que les Alsaciens et les Lorrains apporteraient aux activités rhénanes une méthode et des noyaux de cristallisation.

Je m’adresse à leurs petits-fils, et je leur demande ici, d’homme à homme, directement, s’ils croient que cette tâche demeure belle et utile, s’ils veulent en réclamer pour