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Stinnes, les Mannesmann, sont redevenues si prospères qu’elles donnent dès maintenant, des dividendes déclarés de dix, quinze, vingt, trente, quarante et même cinquante pour cent. L’Allgemeine Electtricität Gesellschaft, que dirige M. Walter Rathenau, vient de répartir quatorze pour cent de dividende ; la maison Krupp annonce un bénéfice net de soixante-dix-neuf millions de marks. L’industrie textile est également florissante. Bien que l’Allemagne ait peu de laine, bien que, ayant perdu ses colonies, elle soit forcée d’acheter le coton en Amérique, en Égypte et aux Indes, la Kölnische Zeitung du 7 janvier nous dit que les filatures allemandes ont repris toute leur activité et, en effet, les principales sociétés de Barmen, d’Augsburg, de Nuremberg, distribuent dix, quinze, dix-huit pour cent de dividendes. Mêmes constatations pour l’industrie chimique. L’ancienne fabrique Bayer, qui nous inondait, avant la guerre, de ses produits et qui est, comme on sait, établie à Leverkusen, entre Dusseldorf et Cologne, donnait hier à ses actionnaires un dividende de dix-huit pour cent. Détail significatif : le Gouvernement britannique commence à redouter l’invasion des produits chimiques allemands et il vient de déposer, à la Chambre des Communes, un projet de loi destiné à restreindre des importations qui font déjà concurrence à la fabrication anglaise. De quelque côté que vous tourniez les yeux, vous observerez les mêmes symptômes de relèvement.

L’industrie du bois s’est reconstituée d’autant plus vite que les ressources forestières de l’Allemagne sont immenses ; et, entre parenthèses, il ne faut pas oublier que les forêts des Couronnes et les forêts domaniales représentent à elles seules trente-neuf pour cent de la surface boisée et que sur un total de trente-quatre ou trente-cinq millions de mètres cubes de bois d’œuvre et de bois à brûler, une vingtaine de millions sont produits par l’État. Il y a donc là un élément très important de la richesse nationale. L’industrie du papier n’est pas plus à plaindre. La grande fabrique de Reisholz accuse, elle aussi, dix-huit pour cent de dividendes distribués. Il en est de même des banques. Alors que les banques françaises sont, pour la plupart, forcées de reculer devant les moindres immobilisations, alors que certaines d’entre elles en sont réduites à vivre au jour le jour, les banques allemandes réalisent des bénéfices considérables et donnent des dividendes qui varient de dix à vingt-cinq pour cent. Le régime des cartels, qui avait pris en Allemagne, avant la guerre, une si grande extension, est déjà rétabli dans toute, sa puissance. La Kœlnische Zeitung et la Germania s’en félicitaient hautement il y a