Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 61.djvu/522

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de généreuses aspirations, rien ne nous l’apprend, rien n’en transpire volontiers. Y a-t-il un jeune talent, il est bien prêt, plutôt, si ce n’est déjà fait, de se laisser enrôler par la puissance qui enchaîne la pensée. On peut dire que l’écrivain en voie de formation passe le plus souvent à l’influence ennemie, qui n’aime ni les penseurs ni les écrivains ; — alors, que devient-il ?

« Il appartiendrait à une voix comme la vôtre de parler à la jeune génération, et de l’avertir de la chute qui la menace. La couronne intellectuelle de la France, qui a tant brillé depuis le XVIe siècle, est en sérieux danger, je le crains fort, sous le régime de l’esprit matériel, et sous l’empire des mœurs que nous voyons. Vous vous feriez beaucoup d’honneur en abordant ce sujet. Un beau cri, un cri de douleur et de colère, — comme celui de votre préface, — sorti de votre solitude, ou même cette idée devenant l’objet d’un roman peut-être, obtiendrait une vive attention, et pourrait opérer une espèce de réveil de l’intelligence française.

« Où va la France ? où vont l’esprit et les forces vives de ce pays ? Personne ne le dit, et cependant toute voix autorisée peut le dire, car il ne s’agit point ici de questions politiques, mais d’une question morale et philosophique[1]… »


MARIE-LOUISE PAILLERON.

  1. Correspondance S. de Lovenjoul. Lettre citée dans la Véritable histoire d’Elle et Lui.