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sont le monument le plus important élevé par les astronomes dans cet ordre d’idées ont été réalisés au moyen d’un instrument quelque peu différent du précédent. Son inventeur Pickering l’a appelé photomètre-méridien pour cette raison qu’on s’est astreint à n’étudier avec cet instrument les étoiles qu’au voisinage de leur passage au méridien, c’est-à-dire lorsqu’elles sont au plus haut de leur course et que leur éclat est le moins affecté par le pouvoir absorbant de notre atmosphère qui est, comme on sait, d’autant plus grand qu’il s’agit d’astres plus près de l’horizon.

Dans le photomètre-méridien, comme dans le photomètre de Zöllner, on compare entre elles deux étoiles qu’il s’agit d’égaliser. Mais ici il n’y a plus d’étoile artificielle ; les étoiles qu’on compare sont deux étoiles réelles qui sont directement juxtaposées dans la lunette grâce à deux miroirs orientables qui font converger les rayons des deux étoiles considérées sur deux objectifs voisins et inclinés de manière à juxtaposer les images des deux astres au foyer de la lunette. L’une des étoiles, celle qui est généralement employée comme étoile de comparaison, est l’étoile Polaire qui a l’avantage d’être continuellement à la même hauteur au-dessus de l’horizon.

Sur le trajet des deux pinceaux lumineux provenant des deux étoiles à comparer, et dans la lunette, se trouve un cristal de spath d’Islande. On sait que ce singulier cristal a la propriété de donner, parce qu’il s’y produit une double réfraction, deux images de chaque objet regardé au travers. On les appelle respectivement image ordinaire et image extraordinaire et ces deux images sont telles qu’elles sont polarisées en sens contraire l’une de l’autre, de telle sorte que si on regarde ces deux images à travers un nicol et qu’on tourne celui-ci, l’une des images augmente d’éclat à mesure que l’autre diminue et l’une passe par son maximum d’éclat lorsque l’autre s’éteint et réciproquement. Dans ces conditions, nous avons au fond de la lunette deux images de l’étoile polaire et deux images de l’étoile à étudier. On s’arrange, au moyen d’écrans convenables, pour intercepter l’une des deux images de la Polaire, et celle des deux images de l’autre étoile qui est polarisée en sens inverse. Dans ces conditions, en regardant les deux images restantes à travers un nicol et en faisant tourner celui-ci, on augmente l’éclat de l’une à mesure qu’on diminue celui de l’autre et on arrive facilement à les égaUser. La position du nicol, quand ce résultat est obtenu, indique dans quel rapport il a fallu diminuer les éclals initiaux des deux étoiles, et on en déduit immédiatement le rapport de ces éclats initiaux.