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relations des Italiens et des Yougo-Slaves à Fiume et ailleurs.

Quoi qu’il en soit, donnant un témoignage de leur esprit d’amitié envers l’Italie, les Alliés s’inclinèrent devant le fait accompli. Les troupes italiennes demeurèrent à Fiume ; elles furent portées à un effectif supérieur à celui du contingent français, et à leur tête fut placé un général de rang et d’ancienneté suffisants pour lui permettre de prendre, à titre de commandant d’armes, le commandement de la garnison interalliée. Le commandement français, dont dépendait le bataillon serbe détaché des armées d’Orient, maintint cette unité en dehors de la ville et l’en éloigna encore par la suite.

Ainsi commença à Fiume, dans des conditions viciées dès le principe par un, manque de coordination, un régime d’occupation interalliée, où Français, et Italiens se trouvaient seuls représentés, les Serbes étant maintenus à quelque distance. Notre contingent fut maintenu à Fiume et son effectif fut de tous le plus considérable, exception faite du contingent italien. Il ne pouvait en être autrement, dès l’instant que le Gouvernement français avait dû établir à Fiume la base principale de l’armée d’Orient.

L’armée d’Orient avait poussé des détachements en Bulgarie, Serbie, Croatie, Slovénie et jusqu’en Hongrie. Ces détachements se trouvaient à des centaines de kilomètres de Salonique, à laquelle ils n’étaient reliés que par des routes défoncées et par une voie ferrée sur laquelle avaient été opérées par l’ennemi des destructions longues à réparer. Le ravitaillement de l’armée ne pouvait donc plus s’opérer uniquement par Salonique, à laquelle il fallait substituer, au moins en partie, une base moins distante de l’hinterland adriatique. D’où l’idée de choisir cette base sur la côte orientale de l’Adriatique, où Fiume était le meilleur port, disposant de l’outillage nécessaire et relié à l’intérieur par le chemin de fer. Un officier français y fut envoyé de Rome pour se rendre compte des moyens d’installation d’une base. Les résultats de son enquête ne pouvaient être que favorables. Les conclusions en furent adoptées à Paris. La décision prise constituait certainement la solution la plus pratique.

Nous n’avions pas, pour procéder à l’installation de la base, d’autorisation à demander au gouvernement italien, dont les troupes n’étaient à Fiume qu’au même titre que les nôtres. Il