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tantôt chez l’autre, à tour de rôle. C’est un cercle pieux et un ouvroir. Ces dames cousent avec zèle pour les pauvres, de deux à sept heures du soir, ne s’interrompant que pour des lectures ou des méditations. Toute personne qui manque à la réunion sans motif valable ou qui arrive en retard, doit payer une amende au profit de la caisse des pauvres. Le samedi après-midi, visite aux infirmes et aux malades. Ce sont là des tableaux de mœurs bourgeoises, de mœurs toutes modestes. Dans leur cénacle, ces dames soufflent sur le tison de la veille, et cherchent à ranimer et à étendre les charbons de la charité française.

Sur le même type, un autre cercle existe à Trêves. Les dames de Trêves ont vu à l’œuvre au milieu d’elles les sœurs de Saint-Charles. Comment leur vint l’idée de les imiter, on le distinguera si l’on veut lire ce qu’en raconte, en 1840, un vieux bourgeois de la ville, qui a connu l’époque française et dont la chronique subsiste dans le Philanthrope de Trêves. Le vieux bourgeois célèbre la vie paisible des sœurs du fameux hôpital qui, dit-il, « n’a pas son pareil dans toute la vallée du Rhin, et si beau que nul étranger ne peut quitter la ville sans l’avoir visité. » Le portrait qu’il trace d’elles garde après cent années sa fraîcheur : « Toute la personne de ces servantes de Dieu exprime le repos de l’âme, la satisfaction que leur cause leur sort, la conscience d’être des membres utiles de la société. Nul ne les a jamais entendues se plaindre de leur destin. Qu’on interroge les dames qui visitent ces maisons de la détresse, qu’on leur demande si elles ne considèrent pas ces sœurs de charité comme des êtres humains infiniment heureux et si elles n’envient pas leur sort. » Les dames de Trêves se mettent à cette école de la bienfaisance et du bonheur. Ce que les sœurs de charité accomplissent en grand, elles travaillent à le compléter par leur association, charitable, en visitant les femmes en couches et les pauvres honteux, « de jolis travaux exécutés par de jolies mains servent d’amorce pour exciter la charité populaire, et des tombolas organisées périodiquement fournissent à l’Association les moyens d’accomplir son œuvre… » Ainsi sommes-nous renseignés, à travers de vieux compliments fanés, sur l’application des dames Tréviroises à suivre leurs modèles français.

A Aix-la-Chapelle même, les anciennes élèves de Saint-Léonard ont constitué plus d’un cénacle. En 1843, des dames